Au 11e siècle, affubler signifie « couvrir quelqu’un d’un vêtement de dessus » puis, au 16e siècle, « habiller de façon bizarre » et, au figuré, « pourvoir d’une caractéristique loufoque », son sens actuel. Qualification qui rend aussitôt cette personne intéressante : affubler sa fille de vêtements criards, affubler son garçon d’un sobriquet rigolo. La mère elle-même s’étant affublée de grosses lunettes à monture d’écaille. Verbe singulier qui remplace avantageusement munir, équiper, pourvoir et doter dans une conversation à bâtons rompus !
Les aventures d’Astérix. Quarante albums publiés depuis 1959, traduits en 107 langues, vendus à 365 millions d’exemplaires. Preuve que le français se porte plutôt bien à l’international. Certains personnages ont été rebaptisés mais en respectant l’« esprix » gaulois de notre langue. Ainsi le chef du village Abraracourcix se nomme Majestix en allemand, en danois et en suédois. Le druide Panoramix s’appelle Abracadabrix en afrikans. Le barde calamiteux Assurancetourix se nomme Kakofonix en turc. Et le célèbre compagnon d’Obélix, Idéfix, devient Dogmatix au Royaume-Uni.
Les Francs, ces Germains ancêtres des Français, conquièrent la Gaule et s’y installent de 486 à 534. La racine germanique bann- évoque l’idée d’autorité d’un chef sur une juridiction seigneuriale. En français, elle produira les mots ban représentant la communauté des vassaux, parents et fidèles répondant à la réquisition du chef; bannière, l’étendard signalant la présence du seigneur; banlieue, « espace d’une lieue » autour des murs de la ville sur laquelle celui-ci exerçait également son autorité. Les « fors-ban», soit ceux qui ne se réclamaient pas de cette allégeance, devinrent les forbans.
Le bulgare, langue slave, s’enrichit de mots venus du français, parfois avec humour. Trois mots désignent les seins : avangard, amortiseuri et balkon, formés sur avant-garde, amortisseur et balcon. Garderob de garde-robe décrit un costaud, genre « armoire à glace ». L’homme chauve mais riche et âgé se nomme kabriolet de cabriolet, prototype du vieux beau au volant d’une telle voiture décapotable.
Carême vient du latin quaresima, altération de quadragesima dies, le quarantième jour. Pour les chrétiens pratiquants, il désigne encore le temps de pénitence de quarante jours qui s’étend du mercredi des Cendres au Samedi saint, veille de Pâques. Et du jeûne pratiqué en rappel de celui de Jésus dans le désert, avant d’entamer sa mission de prédicateur. Durant cette sévère période d’abstinence, les bigots voulaient montrer qu’ils respectaient mieux que quiconque les enseignements de l’Église en se composant un air fatigué et un visage défait, émacié, le plus blême possible. Par dérision, les moins vertueux les qualifièrent de faces de carême.