Ohé! du canot!

« La commodité de ces canots est grande dans ces rivières qui sont toutes pleines de cataractes ou cheutes d’eau et de rapides par lesquels il est impossible de passer aucun bateau, auxquels, quand on est arrivé, on charge canot et bagage sur les espaules, et on va par terre jusques à ce que la navigation soit belle; et pour lors on remet son canot à l’eau et on se rembarque. » (Récit [en Nouvelle-France] du Sulpicien René de Bréhant Galinée (1645-1678). Qui de mieux qu’un Sulpicien ou un Jésuite pour parler du…

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Bain turc

« Les nuits sont enceintes et nul ne sait ce que sera le jour qui naîtra. » (proverbe turc). Turc vient, au 13e siècle, du grec byzantin Tourkos mais son étymon se rattache au mongol türküt « force, puissance », pluriel de « Türk »; nom propre s’appliquant à l’origine à divers peuples nomades de Haute-Asie. Son usage se réfère à l’Empire ottoman (1300-1919) et à ce qui est propre à la Turquie moderne, grandement influencée par l’arrivée au pouvoir de Mustapha Kemal Atatürk au 20e siècle : sérail turc, café turc, tabac turc, tapis turc, bain…

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Pan de mur

« La vie mettra des pierres sur ton chemin. À toi de décider si tu en fais un mur ou un pont. » (Coluche, 1944-1986). Mur vient du latin murus « enceinte d’une ville », sens sans doute influencé par les rites de fondation d’une cité chez les Étrusques, et, au figuré, « défense, protection ». Le français l’adopte dès le 10e siècle pour désigner l’ouvrage de fortification qui enclot une ville. Au 13e siècle, dans des expressions adjectives et adverbiales : defors li mur « hors les murs » et « dans les murs », concurrencées tardivement par les latinismes extra-muros et…

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Tour de magie

« La lecture a été quelque chose de magique pour moi. Il faut une vraie magie pour envisager un autre monde et essayer de le comprendre. Et une fois qu’on l’a compris, le changer. » (Gisèle Halimi, 1927-2020). Magie vient du latin magia de même sens. Dès le 16e siècle, le mot s’impose en Europe, sous des formes identiques ou proches, dans les langues romanes et germaniques : l’allemand Magie, l’anglais magic, le danois, le norvégien et le suédois magi, le roumain et le néerlandais magie, le corse, l’italien, l’espagnol, le portugais et le…

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So so so, solidarité

« La dissemblance des doigts de la main est la preuve de la solidarité. » (Kheira Chakor) Solidaire est formé, au 15e siècle, à partir du latin juridique in solido, proprement « pour le tout ». En droit français du 17e siècle, l’adjectif signifie « complet, entier ». Il s’emploie pour « commun à plusieurs personnes de manière que chacune réponde du tout » : obligation solidaire. Par extension, il s’applique aux personnes liées par une responsabilité et des intérêts communs : être solidaire de (avec) quelqu’un, se déclarer solidaire de quelqu’un. Le substantif solidarité, en concurrence un temps avec solidité, revêt…

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Quai des brumes

« Pris de froid, le temps se couvrit d’une écharpe de brume. » (Sylvain Tesson, Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages, 2008). La journée la plus courte de l’année se disait brevima (dies) aux premiers temps de Rome. Brevima devient bruma, avec le sens de « solstice d’hiver » puis « hiver », « temps froid. » En 118 av. J.-C., la Provence est conquise, intégrant la nouvelle province romaine de Narbonnaise. L’ancien provençal adopte bruma mais lui substitue le sens de « brouillard », caractéristique de l’hiver des régions méridionales. C’est par l’intermédiaire de ce dialecte qu’au…

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Bourré de complexes

« Il faut une personnalité complexe pour vivre en toute simplicité dans un monde rempli d’ambigüités. » Complexe vient du latin complexus « fait d’éléments imbriqués », participe passé adjectivé de complecti « contenir. » À compter du 14e siècle, le mot désigne, comme adjectif ou substantif, un composé d’éléments hétérogènes qui entretiennent des rapports nombreux, diversifiés, difficiles à saisir par l’esprit, et présentant souvent des aspects différents : personnalité complexe, œuvre complexe, problème complexe, caractère complexe, relation complexe, nature complexe, système complexe. Sens tendant, dans l’usage courant, à se rapprocher de compliqué. Plus spécifiquement, il décrit un…

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Rumeur publique

« La rumeur approche, l’écho la redit. » (Victor Hugo, Les Orientales, 1829). Outre qu’elle se propage, la rumeur peut aussi se déclencher, s’attiser, se confirmer, se démentir, se dissiper, s’étayer, s’étouffer, s’apaiser, bourdonner, circuler, s’assourdir, s’éteindre, monter, gronder. Le mot vient du latin rumor « bruits vagues », « propos colportés » mais sa racine attestée serait le sanskrit ruváti « il crie ». En français du 11e siècle, il s’écrit rimur, « bruit produit par une armée en marche », puis rumor comme en latin vers 1180. Il adopte sa forme actuelle au 13e siècle. Généralement, au singulier, il décrit…

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Multitude de gens

« Tous les gens morts qu’on a aimés un peu, beaucoup, passionnément, restent vivants en nous. » Gens a la particularité d’être du genre féminin ou masculin et de nombre essentiellement pluriel, une catégorie grammaticale qui correspond à l’expression d’une pluralité des êtres et des choses. Son étymon latin gens, gentis, d’une racine indoeuropéenne signifiant « engendrer, naître », désigne un groupe de personnes qui se rattache par les mâles à un ancêtre commun, la communauté d’origine de tous les membres se révélant du nom de cet ancêtre éponyme, puis par spécialisation et extension,…

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Vertus éjaculatrices

« Si c’est les meilleurs qui partent les premiers, que penser alors des éjaculateurs précoces ? » (Pierre Desproges, 1939-1988). Éjaculer est un emprunt savant du16e siècle au latin ejaculari « lancer avec force », dérivé de jaculum « arme de jet », lui-même issu de jacere « lancer ». En français, le verbe se spécialise au sens physiologique de « projeter hors de soi un liquide secrété par l’organisme. » Comme chez certains reptiles qui éjaculent leurs humeurs caustiques. Valeur qui évolue en « libérer le sperme lors de l’orgasme de l’homme » : (…) « c’est une admirable façon de partir, vieux, son nom…

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Bonheur d’occasion

« Le bonheur, c’est 40 % physique et 80 % mental. » Il est où le bonheur, il est où? Il résulte simplement de la fusion de bon et heur. Heur étant issu par évolution phonétique du latin classique augurium « présage »; favorable comme bonheur, mauvais comme malheur. En français du 12e siècle, le mot est attesté au sens de « fatalité heureuse », bonne fortune, chance favorable, occasion propice, événement propre à apporter quelque satisfaction : par bonheur, porte-bonheur, marchand de bonheur, au petit bonheur : « Le reste se casa où il put, les femmes sur les genoux des…

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Légende vivante

« Une légende dit que quand vous ne pouvez pas dormir la nuit, c’est que vous êtes éveillé dans le rêve de quelqu’un d’autre. » (Source : Facebook, août 2024). Le mot légende vient du latin legenda, proprement « ce qui doit être lu ». Au 12e siècle, il désigne le récit de la vie d’un saint qu’on lisait au réfectoire, dans les couvents et le texte qu’on prononçait à l’église durant l’office des matines, extrait, par exemple, du Martyrologe de saint Jérôme ou des Acta martyrum et sanctorum, réédités au 19e siècle par Theodorico…

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Jeu de jambes

« Le matin, un unijambiste sait tout de suite quand il se lève du mauvais pied. » (Source : Facebook, octobre 2024). Jambe se disait crus en latin classique. Mot supplanté en latin populaire par gamba « jarret de cheval », lui-même pris au grec kampê « courbure, flexion, articulation d’un membre ». En français du 11e siècle, ce sens s’étend à tous les quadrupèdes, puis aux bipèdes. En anatomie humaine, pour désigner le segment du corps qui s’étend du genou au pied, servant de soutien dans la station verticale et d’organe de la marche : os de la…

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Plier l’échine

« Personne ne vous marchera dessus si vous ne courbez pas l’échine. » (Martin Luther King, 1929-1968). Le mot échine vient du francique skina, « baguette de bois », d’où « aiguille, os long »; le francique étant la langue germanique des Francs, qui apporta de nombreux mots au latin populaire des Gaules entre 750 et 1050. Que l’allemand moderne a conservé sous les formes Schienbein « tibia » et Schiene « rail ». En français, dès le 11e siècle, il désigne la colonne vertébrale d’un animal : « Il prit le temps de dire bonsoir à ses bêtes, caressant des mufles, tapotant…

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Boîte de sardines

« Sardine : petit poisson sans tête qui vit dans l’huile. » (Léo Campion, 1905-1992). Région autonome de l’Italie, la Sardaigne forme l’une des grandes îles de la Méditerranée occidentale. Fréquentée sur terre par de nombreux touristes et sur mer par de nombreux pêcheurs ramenant aux ports sardes des moissons de poissons. Le plus petit étant la sardine. Mot pris au latin sardina, littéralement « poisson de Sardaigne », repris par l’ancien provençal sardina au 12e siècle. Forme conservée par l’italien, l’espagnol, le catalan et le basque. Copiée sur la graphie française par l’anglais et l’allemand.…

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Odyssée de l’espace

« Communiquer suppose aussi des silences, non pour se taire, mais pour laisser un espace à la rencontre des mots. » (Jacques Salomé). Espace au 12e siècle vient du latin spatium « champ de course, arène », puis « surface libre, étendue, distance » et aussi « laps de temps, durée. » De genre neutre en latin, le mot s’utilise d’abord en français indifféremment au féminin ou au masculin. Il décrit l’étendue sans limites perceptibles qui englobe tout ce qui existe, tant au niveau universel que conceptuel. En sciences, le milieu, dans lequel se situe l’ensemble de nos perceptions…

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Mélange des genres

« Si les règles et les genres ont jamais été imaginés, c’était pour assurer à l’esprit humain sa pleine liberté, pour lui permettre les cris, et la surprise, et le chant profond. » (Jean Paulhan, 1884-1968). Le genre des noms est la catégorie grammaticale fondée sur la distinction naturelle entre les sexes ou sur des critères établis par convention : genre féminin, genre masculin, genre inanimé, genre neutre, genre épicène. Propriété qui se communique, par le phénomène de l’accord, au déterminant, à l’adjectif épithète ou attribut, parfois au participe passé, ainsi qu’au pronom…

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Mots d’esprit

« L’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne. » (Pierre Desproges, 1939-1988). Merci à ma sœur Louise de me l’avoir rappelé. Esprit vient du latin spiritus « souffle, air ». Il s’écrit d’abord espirit et esperit au 12e siècle. Sa forme moderne ne se répandra qu’à partir du 16e siècle. Mot complexe qui revêt de multiples acceptions, c’est par l’intermédiaire des textes chrétiens d’inspiration divine qu’il est introduit en français : Sanctus Spiritus, Saint-Esprit, la troisième personne de la Trinité, qui procède du Père par le Fils. Le souffle vital, l’action créatrice et bienfaisante de Dieu.…

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La cicatrice paraît toujours

Jusqu’à ma mort, outre les souvenirs et les valeurs qu’elle m’a inculquées de son vivant, la dernière attache qui me reliera à ma mère, c’est mon nombril; la plus belle des cicatrices. Cicatrice vient du latin cicatrix au 14e siècle, de même sens physique et moral; -trix étant un suffixe formant des mots essentiellement de genre féminin : calculatrice, cantatrice, excavatrice, impératrice, matrice. Masculins lorsqu’il s’agit de personnages secondaires d’Astérix le Gaulois : Acidenitrix, Barométrix, Plaintcontrix. Le mot désigne la marque permanente laissée sur la peau par une plaie après la guérison, le…

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Signal d’alarme

« Tant de médisances et tant de faux rapports que cela mit toute la cour en combustion et en alarme. » (Blaise Pascal, 1623-1662). Alarme vient de l’italien all’arma, « aux armes », d’un étymon latin arma « arme »; les formes françaises du 15e siècle étant aus armes et as armes, « crier à l’arme », c’est-à-dire au combat : « Courez-y tous à l’arme sonnez » (François Rabelais, Gargantua, 1534). Arma décrivait, à l’origine, ce qui garnit ou prolonge le bras dans la lutte, le bouclier et l’épée. Sens qui prévaut dans l’anglais arm pour nommer cette partie du corps.…

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Un hibou qui faisait hou

Que fait un hibou dans une bibliothèque? Hibouquine! Pour Sylvie. Hibou apparaît d’abord sous les formes huitboust et hybou au 16e siècle avec les variantes dialectales houbou en Normandie et hourou en Gascogne. Le mot, sans doute d’origine onomatopéique, se rattache à une base /ou-/ /u-/ qui exprime le cri du loup et de certains oiseaux. En ornithologie, il est la désignation générique et familière de tout rapace nocturne de l’ordre des Strigiformes, généralement caractérisé par des aigrettes sur le front, un bec crochu et de gros yeux ronds, réputé pour…

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Mesure d’exception

« L’homme est le seul animal qui, pour se reproduire, commence par enfoncer sa langue dans la bouche de sa femelle. Toutes les autres bêtes sans exception trouvent du premier coup quels sont les organes adéquats. » (François Cavanna, 1923-2014). Excepter, au 13e siècle, est un emprunt savant au latin exceptare « tirer à soi », « recueillir », formé avec le préfixe ex « hors ». Le verbe s’emploie avec le sens d’« exclure quelqu’un ou quelque chose de ce qui est généralement inclus ou concerné. » Exception, écrit d’abord excepcion, vient du latin exceptio « action de retirer d’un ensemble. »…

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Porte-parapluie

« Les livres, les esprits et les parapluies ne fonctionnent que s’ils sont ouverts. » (Source : Madeleine Prom, Facebook, 1er août 2024). Parapluie est formé de l’élément préfixal para « contre », dérivé de l’italien parare « protéger », correspondant au français parer, avec l’idée d’une protection contre quelque chose, et pluie, sur le modèle de parasol. Comme l’explique Furetière dans son Dictionnaire universel contenant généralement tous les mots françois, tant vieux que modernes, et les termes de toutes les sciences et des arts, publié en 1690 à titre posthume : « les parasols servent aussi pour se deffendre…

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Sérum de vérité

« Un mensonge peut faire le tour de la terre le temps que la vérité mette ses souliers » (Mark Twain, 1835-1910)). Vérité vient du latin veritas, veritatis, « la vérité », « les règles » « la droiture », dérivé de verus « vrai ». Les graphies anciennes veritiet, en religion « opinion conforme au réel », veritet, veriteit, vertet et verté subsistent par voie orale jusqu’au 12e siècle. Sa forme actuelle est attestée depuis la Renaissance (1553). Le mot, d’un point de vue abstrait, désigne, en philosophie, la connaissance reconnue comme juste, conforme à son objet et possédant à ce titre…

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Bruit de fond

« Quand on touche le fond, au lieu de creuser encore, mieux vaut appeler un être de surface. » Fond adopte d’abord les graphies funz, fonz et fons au 11e siècle. Il retrouve le /d/ de son étymon latin fundus « fond de tout objet », d’où « limite, point extrême » et, par figure, « partie essentielle de quelque chose » au 13e siècle. Ce n’est qu’au 17e siècle que sa variante graphique fonds, anciennement « terre cultivée ou sur laquelle on bâtit » se spécialise avec les sens de « capital dont on dispose », « ressources exploitables » : fonds de commerce, fonds…

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Mouvement olympique

« Citius, Altius, Fortius. Plus vite, plus haut, plus fort » (Devise olympique) Olympe désigne le séjour des dieux dans la mythologie, sur le mont Olympe, Olumpos en grec, une montagne de Thessalie, et par extension, les divinités elles-mêmes qui y résident. Près de la ville d’Olympie, Olumpia en grec, où se déroulent des jeux tous les quatre ans à partir de 776 avant l’ère chrétienne. Jeux comportant des cérémonies religieuses, des compétitions sportives et des représentations théâtrales nommées olumpias. Terme emprunté au grec par le latin olympias et traduit par olympiade…

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Façons de faire

« Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? » (Jacques Rouxel, 1931-2004). Faire vient du latin facere, à l’origine « placer, poser », puis « réaliser créer ». Il est attesté la première fois en 842 sous la forme fazet, soit à la 3e personne du singulier du subjonctif dans les Serments de Strasbourg, scellant l’alliance militaire entre Charles le Chauve et Louis le Germanique contre leur frère aîné, Lothaire 1er, tous trois fils de Louis le Pieux, lui-même fils de Charlemagne. Pacte rédigé en protofrançais, forme embryonnaire du français issu de la transformation progressive du…

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Casse-croûte

« Après (ma mort), je pourrai aller retrouver mes potes Frédéric Dard et Vadim au paradis pour casser une bonne croûte et jouer aux cartes. » (Robert Hossein, 1927-2020). Le mot croûte, écrit d’abord croste vers 1100, vient du latin crusta, « ce qui enveloppe, recouvre », particulièrement en parlant du pain, d’une plaie. Mais l’étymon latin lui-même est d’origine indoeuropéenne, krust « glace », qui se rapproche du grec kruos « froid glacial » et du letton krevé « croûte » (d’un glacier). En français, il s’emploie dans le domaine de l’alimentation à propos de la partie extérieure durcie…

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À vélo

L’hippopotame nage plus vite qu’un humain et court aussi plus vite que lui. Conclusion, le seul moyen de battre un hippopotame au triathlon, c’est de tout miser sur le vélo. L’apocope est un mode de création lexicale qui consiste à supprimer des syllabes (ou phonèmes) à la fin d’un mot. Ainsi télévision devient télé, professeur, prof, gymnastique, gym. Vélo, au 19e siècle, est formé sur véloce, lui-même abrégé de vélocipède, appareil de locomotion à deux roues en bois cerclées de fer, de diamètre inégal, fonctionnant à l’origine par le seul secours…

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État d’esprit

« Un homme d’État est celui qui pense aux générations futures, et un homme politique est celui qui pense aux prochaines élections. » (Abraham Lincoln, 1809-1865). État vient du latin classique status, « action de se tenir » et « position, situation », du verbe stare qui se rattache à la racine indoeuropéenne sta- « être debout »; l’indoeuropéen étant une langue disparue de la période de 4500 à 2500 ans av. J.‑C. considérée comme l’origine unique des langues indoeuropéennes modernes. En français, le mot est d’abord orthographié estate puis estat au 14e siècle avant d’adopter sa graphie actuelle…

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Par ambition

« Tout travail de longue haleine, répétitif, suppose l’ambition d’être toujours meilleur. » (Bernard Pivot, 1935-2024). Elle évoque l’appétit universel de succès personnel et de satisfaction de l’amour-propre. Tournée vers le pouvoir suprême ou de l’infime gloriole. Envisagée historiquement sous ses aspects politiques, parfois, regrettablement, ceux des usurpateurs, des tyrans et des conquérants; et, à notre époque moderne, par le gain d’argent et de notoriété que font miroiter la télé, le sport ou les réseaux sociaux. L’ambition. Ambition vient, au 13e siècle, du latin ambitio, « démarche pour solliciter des suffrages. » chez les Romains.…

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Dorer la pilule

« Grève dans l’usine de la pilule Viagra. Le mouvement pourrait se durcir. » (Laurent Ruquier) Le mot pilule, écrit d’abord pillule au 14e siècle, vient du latin impérial pilula, « petit corps rond, boulette, pelote »; aussi représenté sous une forme réduite par l’allemand Pille, l’anglais pill et le néerlandais pil. Il est introduit par les médecins pour désigner un médicament se présentant sous forme de petite boule ou de petite pastille, destiné à être avalé, généralement désigné par son appellation commerciale : Aspirine, Tylenol, Viagra. En particulier, pilule contraceptive ou pilule, un contraceptif oral…

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Fossé des générations

« J’ai toujours senti que je ne suis pas de cette génération. J’y vis seulement. » (Keanu Reeves). L’étymon latin generare « engendrer », « produire », « composer » conduit, au 12e siècle, à la formation du verbe générer, de même sens en français. Et de génération, du latin classique generatio, orthographié d’abord generatiun. Le mot désigne l’action d’engendrer, le processus de reproduction par lequel un être vivant produit un autre être lui ressemblant : génération vivipare, « dans l’utérus », génération ovipare, « dans l’œuf », génération sexuée, « par accouplement », génération asexuée, « par fécondation in vitro », génération spontanée, « constitution d’êtres vivants à…

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Tout son soûl

« Mieux vaut être soûl que con, ça dure moins longtemps. » Soûl et sa graphie concurrente saoul est l’aboutissement du latin salullus « repu », diminutif de satur « rassasié (surtout de nourriture) » et, au figuré, « riche, abondant, chargé ». Réfection de saule, saul et saol au 12e siècle; l’accent circonflexe est introduit au 15e siècle, notation que retient la première édition du Dictionnaire de la langue française en 1694. Le mot se maintient en français avec la valeur vieillie de « personne ou animal qui mange ou boit à satiété » : pour un humain, être soûl de pâtisseries,…

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Boss des bécosses

« On a grimpé vers la forêt, en montant, en montant toujours. Et on a découvert le spot organisé pour les voyageurs. Cap Bon Ami. Les deux bécosses aux portes arrachées, les murs remplis de noms gravés, d’insultes, de dates et d’adresses! Albert s’est jeté dans une des deux bécosses en arrivant, comme de bien entendu. » (Claude Jasmin, Pleure pas Germaine, 1965). Occupée par les forces britanniques en 1760, cédée par la mère patrie en 1763, la Nouvelle-France, devenue le Canada, puis le Québec, compte alors environ 70 000 âmes. Âmes françaises dont les Filles du…

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Écorces d’orange

« Et ta robe en tombant sur le parquet ciré, n’a pas fait plus de bruit qu’une écorce d’orange » (Jacques Prévert, 1900-1977). Certaines langues peuvent être comparées à des carrefours privilégiés, des points de passage d’un vocabulaire venu de loin. L’arabe a joué ce rôle pour le monde oriental et la Méditerranée. Ainsi le mot sanskrit naranga « oranger », passant par le persan nârandj devient l’arabe larandj qui le transmet au vénitien naranza, puis à l’italien arancia et enfin au français orenge au 12e siècle, qui deviendra orange. L’orange douce, plus savoureuse que…

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Plante carnivore

« La société est une fleur carnivore. » (Slogan du mouvement de contestation Mai 68 en France). La composition savante est un mode de formation qui consiste à combiner des éléments grecs ou latins pour créer une nouvelle unité lexicale en français; ces composés, contrairement aux préfixes et aux suffixes, n’étant accolés ni à un radical ni à un mot déjà présent dans la langue. Ainsi ophtalmologie, qui désigne une branche de la médecine se consacrant à l’étude de l’œil, résulte de deux éléments joints du grec ancien : ophtalmos « œil » et logos…

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Donne la patte

« Dans mes heures les plus sombres, quand je cherchais une main tendue pour me relever, j’ai trouvé une patte. » (Source : Facebook, avril 2024). Patte, à l’origine, est une onomatopée formée sur le radical patt- qui évoque le bruit de deux objets qui se heurtent. Au 13e siècle, le mot élimine le vieux français poe, de même sens, issu du préceltique pauta en usage à l’Âge de fer, soit chez les peuples vivant vers 800 à 700 avant J.‑C. en Europe de l’Ouest. Chez l’animal, il désigne chacun des membres ou appendices…

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Banque de sperme

« Si un jour, tu te sens inutile et déprimé, souviens-toi : un jour, tu étais le spermatozoïde le plus rapide de tous. » (Coluche, 1944-1986). Sperme, d’abord esperme au 13e siècle, vient du bas latin sperma « semence », lui-même pris au grec sperma, spermatos, dérivé de speirein « semer »; verbe qui se rattache à la racine indoeuropéenne spher- « éparpiller ». Le mot désigne le liquide opaque, blanchâtre et visqueux formé par les sécrétions des différentes glandes génitales mâles : donneur de sperme. Au 14e siècle la locution sortie d’usage faire sperme signifie « éjaculer ». « Prends garde d’abîmer ton intelligence…

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Célébration de la beauté

« Quand on vieillit, la beauté se réfugie à l’intérieur. » Beau ou bel, comme adjectif et substantif, vient du latin bellus qui, dans cette langue, a surtout qualifié des femmes et des enfants avec la valeur de « mignon, joli, charmant, adorable. » La parenté étymologique entre les notions de « beau », « bon » et « bien », sensible en latin, continue d’éclairer la structure sémantique du mot dès les premiers textes en français, au 9e siècle, pour exprimer une appréciation positive à dominance esthétique : beau visage, beau sourire, belle femme, beau paysage, belle maison. En parlant du…

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Tout est dans tout

« Tout est dans tout et vice versa » (Alphonse Allais, 1854-1905). Tout, d’abord noté tot, est issu du bas latin tottus, altération du latin classique totus, qui s’employait en considérant les objets dans leur extension, avec le sens d’« entier, intégral ». En français, il sert d’adjectif, d’adverbe, de nom et de pronom; emplois attestés pour la majorité avant la fin du 13e siècle. Comme adjectif indéfini, sous les formes tout, toute, tous et toutes, il marque l’idée d’intégralité d’un espace, au propre ou au figuré, d’un volume, d’une durée, d’un processus, d’une collection,…

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En signe d’amitié

« L’amitié est comme un livre. Il y a les amis qui partagent seulement une page de notre vie; d’autres qui nous accompagnent durant tout un chapitre; et il y a ceux qui nous soutiennent du début jusqu’à la fin de l’histoire. » (Source : Éric Légaré, Facebook, mars 2024). Ami, orthographié d’abord amics, amicz et amic au 10e siècle, vient du latin amicus comme l’italien amico, l’espagnol et le portugais amigo. L’étymon revêt les deux sens de « proche, intime » et « amant, maîtresse »; valeurs conservées en français. Lorsque l’attachement est de nature affective sans…

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Sens de l’humour

« Et quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux, c’est l’humour » (Doris Lussier, dit le Père Gédéon, 1918-1993). Plus des deux tiers du vocabulaire anglais vient du français ou du latin. Ainsi l’anglais humour est-il pris à l’ancien français humeur, issu du latin humor « liquide »; humeurs désignant initialement les fluides corporels, puis une « disposition à l’irritation. » Au 17e siècle, l’anglais lui confère une valeur opposée, celle de « disposition à la gaieté. » Évolution sémantique que le français se réapproprie sous l’impulsion des penseurs du siècle des…

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Marge de profit

« Le poisson ne voit pas l’hameçon, il ne voit que l’appât; l’homme ne voit pas le péril, il ne voit que le profit » (proverbe mandchou). Profit, orthographié prufit au 12e siècle, vient, par évolution phonétique, du latin profectus, « avancement, progrès », d’où « « succès » et, en médecine, « amélioration ». Le mot passe au français avec le sens général d’avantage d’ordre matériel, intellectuel ou moral qu’une personne ou une collectivité peut tirer de quelque chose : source de profit, part de profit. Valeurs perçues dans diverses expressions : faire du profit, « être d’un usage économique, de…

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Pratique du sport

C’est au 19e siècle que le français emprunte sport à l’anglais sport, aphérèse de disport, « passe-temps, récréation » et « jeu », l’anglais l’ayant lui-même pris au français du 12e siècle desport, variante de deport, « divertissement ». Le mot est d’abord lié à la notion de « pari ». Puis, il désigne toute activité physique exercée dans le sens du jeu, de la lutte et de l’effort, dont la maîtrise suppose un entraînement et le respect de certaines règles, codes et valeurs : club de sport, terrain de sport. Au singulier ou au pluriel, la forme spécifique que prend…

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À vol d’oiseau

Oiseau, d’abord oisel au 11e siècle,  vient du bas latin aucellus, forme syncopée de avicellus, diminutif du latin classique avis. Étymon qui appartient à la racine indoeuropéenne aw-, représentée également dans l’arménien haw « oiseau », le grec aietos « aigle » et le védique véh, langue du Véda, livre sacré des Hindous. Le mot désigne un animal ovipare à sang chaud, au corps couvert de plumes, dont les membres antérieurs sont des ailes et les membres postérieurs des pattes, la tête étant munie d’un bec corné dépourvu de dents, et qui est, en général,…

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Toujours vivant

Le verbe vivre vient du latin vivere, « être en vie », « durer, subsister », « se nourrir de »; il est relevé en français dès le 10e siècle. Son participe présent vivant s’emploie aussi comme adjectif. Pour exprimer ce qui est doué pour la vie et qui se manifeste de manière perceptible : « Une alouette chante en battant des ailes et remuant les pattes sans changer de place dans l’atmosphère. Je vois cette charmante petite chose vivante qui vibre sans se déplacer en face de moi, comme si elle becquetait la lumière. » (Henri Bordeaux, Les derniers…

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Esprit d’équipe

Équiper est issu du germanique ancien skip « bateau », devenu Schiff en allemand moderne et ship en anglais. Au 12e siècle, il parvient au français par une forme normando-picarde eschiper « embarquer », puis « pourvoir un navire du nécessaire à la navigation » et, au 16e siècle, « fournir le matériel nécessaire en vue d’une activité particulière. » Équipe décrit un groupe de personnes réunies pour accomplir ensemble une activité commune : travail d’équipe; avec un complément désignant le métier de leurs membres : équipe de chercheurs, équipe d’ouvriers, équipe de monteurs. Avec un complément, substantif ou adjectif, désignant leur…

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Bain de sang

Sang, aussi sanc au 10e siècle, vient du latin sanguis « sang qui coule dans le corps », par opposition à cruor « sang répandu hors du corps » qui formera cruel et cruauté. Le mot désigne le liquide organique rouge cheminant par les artères et les veines du corps humain et dans celui de nombreux animaux et qui y entretient la vie : prise de sang, don de sang, banque de sang, caillot de sang, sang menstruel, cracher du sang, pisser le sang. Ce qui est opposé à l’esprit : de chair et de sang. Sa…

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Cogner des clous

Clou vient du latin clavus « cheville » de bois, puis de fer. Le mot passe au français au 11e siècle avec le sens de « petite pièce métallique effilée, généralement pourvue d’une tête et utilisée dans les métiers du bâtiment pour fixer, décorer » : clou de bronze, clou à tête ouvragée, clou de fer à cheval, clou à tête plate, clou à soulier. Par extension en médecine, il désigne une tige de métal, pointue à une extrémité, utilisée pour maintenir les fragments osseux dans certaines fractures. Par comparaison, une personne d’allure famélique :…

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