« Elle m’a apporté d’autres french toasts […]. D’autre café. Elle m’a appelé dear. S’est inquiétée de mon bonheur, de ma santé, de ma sécurité (Sois prudent sur la route), et elle m’a dit de revenir… Une vraie waitress. Une perle. Une soie. » (Pierre Foglia, La Presse, 23 juin 1989).
L’ouverture pré-trumpiste des routes de la soie, depuis des millénaires, l’une terrestre traversant l’Asie centrale, l’autre maritime contournant l’Inde, marque le rayonnement culturel de l’Orient et l’expansion des échanges commerciaux avec l’Occident mais aussi la transmission de la pensée et de la culture propres à deux grandes civilisations.
Le mot vient du latin populaire seta, altération du latin classique saeta, « crins », « poils de porc, de sanglier », « crinière de cheval ». En français il prend les formes seide, seie avant d’adopter sa graphie actuelle au 12e siècle. En wallon, langue appartenant au domaine linguistique roman du sud de la Belgique, son évolution passe de seuie et sôie à soye.
Il désigne la substance filamenteuse, souple, brillante, sécrétée par la chenille du Bombyx mori ou ver à soie, qui durcit à l’air en fournissant un fil résistant : culture de la soie que les Chinois, les premiers, vont développer. La substance semblable sécrétée par d’autres chenilles ou insectes et même par certains mollusques, une légende de la mythologie grecque racontant que les filaments du Byssus de la pinne, en Méditerranée, servirent à confectionner la Toison d’Or : soie de mer.
Par analogie, il décrit la fibre textile ou l’étoffe confectionnée généralement avec les cocons du Bombyx et caractérisée par sa légèreté, sa doucheur, son éclat : « Une étoffe de soie, couleur gorge de pigeon, à reflets mauves et bleus, qui bruissait doucement et coulait dans leurs doigts, comme une eau changeante. » (Émile Moselly, Terres lorraines, 1907.) Les locutions sont nombreuses : velours de soie, bonnet, casquette, ceinture, châle, chaussettes, corsage, cravate, écharpe, gilet, mouchoir, ombrelle peignoir veste en soie. En particulier, soie brute, soie cuite, soie naturelle, soie moulinée, soie chirurgicale, employée comme fil à ligatures, mousseline de soie, étoffe formée de fils doux croisés en taffetas, bourre de soie, peignerie ou corderie de bourre de soie par des procédés mécaniques, pou-de-soie, étoffe de soie épaisse et mate.
Au figuré, nid de soie désigne un appartement douillet, cossu, échelle de soie, une échelle faite en corde de soie qui, dans les fictions romanesques, permet au soupirant d’escalader le balcon de sa belle. L’expression péter dans la soie signifie vivre dans le luxe. Au Québec, une vraie soie ou soie décrit une personne, le plus souvent une femme, reconnue pour sa douceur sa gentillesse, sa bonté.
Par analogie, le mot développe d’autres acceptions : soie végétale, duvet des graines ou fibres de certaines plantes, soie artificielle, fil synthétique évoquant la soie par son brillant et obtenu par traitement chimique de matières cellulosiques telles le coton et le bois, synonyme de rayonne, papier de soie, papier translucide et brillant, soie de ligne à pêche, peinture sur soie, soie de verre, non textile, obtenue par étirage du verre fondu.
Il ne comporte que deux dérivés. Soierie, tissu de soie et industrie et commerce de la soie. Soyeux, soyeuse, qui est doux et brillant comme la soie.
Devoir
Comment nomme-t-on la branche de l’agriculture dédiée à la production de soie?
Réponse
La sériciculture. Production qui inclut la culture du mûrier, l’élevage des vers à soie pour obtenir les cocons, ainsi que le dévidage et la filature de ces derniers.
Sér _ _ _ culture.