Déboulée de bûches

« Dès que la dernière lueur du jour s’est fondue dans l’ombre, tous les habitants du pays ont grand soin d’éteindre leurs foyers, puis ils vont en foule allumer des brandons à la lampe de l’église. Lorsque ces brandons ont été bénits (…), ils les promènent par les champs: c’est ce qu’on appelle la fête des flambarts. Ces flambarts sont le seul feu qui brûle dans le village: ce feu (…) régénéré jettera de jeunes étincelles sur l’âtre ranimé. (…) Puis on allume la bûche de Noël. » (Alphonse Chabot, La nuit de Noël dans tous les pays, 1918).

Bûche vient du latin populaire buska « bois, bosquet » mais remonte au germanique busk « baguette. » En français du 12siècle, il s’écrit busche; au 16siècle il devient buche. L’accent circonflexe est attesté en 1669.

Le mot désigne un morceau de bois débité en rondin ou en quartier, le plus souvent utilisé pour le chauffage : mettre une bûche dans la cheminée; bûche du portier, anciennement bûche que les concierges prélevaient sur toute charretée de bois livrée aux locataires d’une maison; bûche de Noël, gros rondin qu’on brûlait dans la cheminée pendant la veillée de Noël, et qui devait durer toute la nuit.

Par analogie, il s’emploie en tant que bois de construction : « un revêtement de bûches jointoyées avec de la terre » (Eugène Schneider, Le Charbon,1945). Bûche économique désigne un aggloméré d’anthracite, de houille et d’argile, à combustion lente. On trouve aussi, mais plus rarement, bûche à gaz et bûche de charbon. La bûche des Flandres est un instrument de musique populaire. En pâtisserie, la bûche de Noël est un gâteau traditionnel servi lors du repas célébrant la période des fêtes. Au figuré, le mot décrit une personne lourdaude et apathique. « L’avis seul de Victor, de Musset ou Gautier est bien plus, suivant moi, que celui de ces bûches. De ce ramas sans nom de butors et de cruches, qui sous leur os frontal ont un épais mastic. » (Amédée Pommier, Crâneries et dettes de cœur, 1842).

Diverses locutions font référence à l’état inerte d’une bûche. Dormir comme une bûche, dormir profondément, n’entendre pas plus qu’une bûche, ne rien entendre, caresser une bûche et frapper une bûche pour en tirer des étincelles, s’occuper à des choses vaines, n’obtenir aucun résultat. De même qu’à la solidité et la résistance du bois : avoir la tête dure comme une bûche, être obstiné, têtu. Ramasser une bûche signifie « tomber »; au 17e siècle, mettre au bout d’une bûche, « pendre. » Au Québec, se tirer une bûche signifie emprunter une chaise car, autrefois, les ménages modestes se servaient de bûches pour s’asseoir.

Le dérivé le plus ancien est débucher qui signifie, au 12e siècle, « sortir d’une cachette ». Embûcher « se tapir pour guetter » fournira embûche « manœuvre de surprise » et « difficulté se présentant comme un piège. » Bûcher décrit d’abord un tas de bois sur lequel on fait brûler les cadavres mais aussi les saints comme Sainte Jeanne d’Arc et autres suppliciés. En général, le verbe s’emploie aussi pour frapper, heurter quelqu’un ou quelque chose, dégrossir le bois à la hache et étudier avec acharnement. Bûchette, bûchage, bûcheur, bûcheuse, bûcheron, bûcheronner, bûcheronnage sont plutôt usuels. En Suisse, une bûchille est un copeau résultant de l’équarrissage à la hache ou du rabotage d’une pièce de bois.

 

Joyeux Noël à tous les lecteurs.

 

Devoir

Que désigne une bûche en Suisse?

  • Une amende.
  • Une banque.
  • Un siège bas (ou pouf).

Réponse

Une amende, terme bien connu des frontaliers. Ce sens de bailler la buche, « payer une amende » a aussi prévalu en Lorraine du 15au 17siècles.