Clins d’oeil 11-15

  • « Enfin, après deux semaines de pluie, le temps s’ébeausit.  » S’ébeausir, « se mettre au beau », verbe immédiatement compréhensible, est disparu des dictionnaires. Ainsi va le français qui se renouvelle sans cesse, des mots nouveaux apparaissant chaque jour, pour des vies longues ou brèves. Certains, devenus inactuels ou désignant des réalités disparues, « s’effacent », « succombent », « trépassent. ». Comme accointance, baguenauder, bavarderie, bluette, chagrinement, difficultueux, folâtrer, friponnerie, intempérance, joyeuseté, liquescence, malignité, navrance, outrecuidance, pantouflerie, rarescent, savanterie, tantinet, tendreté, touffeur.
  • Grève vient de grava « sable grossier », mot repris par le latin mais d’une langue parlée sur le territoire français actuel avant l’arrivée des Gaulois. À Paris, la Place de l’Hôtel de Ville s’appelait jusqu’en 1806 Place de grève, du fait qu’elle touchait la rive sableuse de la Seine. Traditionnellement, les ouvriers sans travail s’y rassemblaient pour offrir leurs services. Cela s’appelait être en grève ou faire grève. Sens qui évoluera pour « cessation volontaire et collective du travail », remplaçant avec cette valeur cabale et coalition.
  • Laconique dérive de Laconie, nom d’une région de la Grèce antique ayant Sparte pour capitale. L’adjectif désigne d’abord une personne qui s’exprime d’une manière concise, sans détails inutiles, à la manière célèbre des anciens Laconiens, puis s’applique à un texte ou à sa forme visant à communiquer l’essentiel avec le minimum de mots.
  • Punch, la boisson alcoolisée, vient du sanskrit pancha du fait des cinq ingrédients entrant à l’origine dans sa composition : alcool, sucre, jus de citron, épices et eau. Les Anglais y prennent goût en Inde puis en font usage dans leurs autres colonies d’Afrique occidentale et des Caraïbes. Le français adopte le mot au 17siècle sous la forme ponche remplacée par punch lorsqu’il entre dans le dictionnaire de l’Académie en 1750.
  • Salope, autrefois, avait simplement le sens de « sale », crasse dont on pouvait se protéger en enfilant une salopette. L’allemand emprunte le mot au français sous la forme salopp « décontracté, relâché » comme ce sympathique vêtement à bretelles et à plastron. Le russe salop désigne plutôt un manteau de femme agrémenté d’une pélerine.