Le mot fun est emprunté à l’anglais fun « amusement », d’une forme scandinave qualifiant une personne légère, insouciante.
Relevé depuis 1865 au Québec, il est d’abord attesté dans les constructions le fun commence et avoir du fun, calquées sur the fun is beginning et to have (some) fun. Il est d’usage familier dans de nombreuses locutions ayant toutes le sens de « avoir du plaisir, s’amuser »: avoir un fun noir; et ses variantes de couleur fun bleu, fun vert, avoir un fun terrible, avoir du fun comme dix, avoir un fun d’éléphant, se faire du fun, super le fun, casser le fun, « gâcher le plaisir ». L’expression pour le fun signifie « pour rire », puis « pour voir, pour essayer, par défi »: répète donc ça pour le fun!
Il qualifie, par extension, une personne, une chose sympathique, agréable, intéressante: prof le fun, restaurant le fun, histoire le fun, préfigurant cool, adopté par les jeunes. Il est souvent écrit l’fun, d’après la prononciation.
Ses dérivés funnant, funneux et funny sont peu usités.
Du français québécois, il passe au français standard, signifiant « amusant, drôle » comme adjectif et « joie exubérante, plaisir » comme nom masculin.
Devoir
Relevé en français québécois dès 1865, fun est attesté en français standard un siècle plus tard, en 1974. Par contre, une locution adverbiale des années 70 a été adoptée quasi simultanément en français québécois et en français standard, remplaçant d’autres locutions de même sens du langage oral, telles que en quelque sorte, dans un certain sens, d’une façon ou d’une autre, d’une certaine manière, dans une certaine mesure. Elle est mentionnée dans les trois citations suivantes. De quelle locution s’agit-il?
Le sport de haut niveau appelle _____________ la souffrance, la difficulté (France Info, 1993).
____________, j’ai dû trouver quelque chose qui me correspondait. (Une actrice de film porno (France 2, 1993).
« Je ne veux pas faire de politique a-t-il ajouté [Michel Marchand], mais les bonnes relations entre MusiquePlus et MuchMusic démontrent très bien que l’unité canadienne, ça marche ____________ » (Le Devoir, 1995).
Réponse
Depuis le 16e siècle jusqu’au seuil des années 80, la locution adverbiale quelque part a désigné un endroit précis que l’on ne pouvait pas situer exactement: j’ai déjà vu cette tête quelque part; puis un endroit déterminé que, par souci de bienséance, l’on préférait ne pas désigner: je lui ai donné un coup de pied quelque part. La locution élargit ensuite son champ d’action, « du lieu à la manière », jouant le rôle de « modérateur psychologique » que Français et Québécois adoptent spontanément: je suis mal quelque part, je me sens fragile quelque part, quelque part, on est tous vulnérables, se faire avoir quelque part, au niveau du porte-monnaie, ça fait rêver quelque part, tout le monde est concerné quelque part par ce problème.
Le sport de haut niveau appelle en quelque part la souffrance, la difficulté (France Info, 1993).
En quelque part, j’ai dû trouver quelque chose qui me correspondait. (Une actrice de film porno (France 2, 1993).
« Je ne veux pas faire de politique a-t-il ajouté [Michel Marchand], mais les bonnes relations entre MusiquePlus et MuchMusic démontrent très bien que l’unité canadienne, ça marche quelque part » (Le Devoir, 1995).