En français québécois, l’adjectif drabe est emprunté à l’anglais drab « fade, terne, morne, gris ». Le mot s’écrit généralement drab jusqu’aux années 1970. On trouve aussi, plus rarement, les variantes anciennes drap, drape, drappe et drable.
Dans un registre familier, mais aussi chez les lettrés, écrivains et journalistes, il signifie « qui est de couleur beige ou d’une couleur s’y apparentant »: costume drabe, tapis drabe.
Au figuré, il prend le sens de « qui est dépourvu d’intérêt, triste, moche, ennuyeux »: vie drabe, conversation drabe, matins drabes, s’appliquant à des personnes, contrairement à l’usage anglais, animateur drabe, « très effacé », employé drabe, « sans caractère, sans panache ». « […] Aussi, je travaille depuis peu dans un beau bureau drabe, coincée entre deux écrans drabes et deux consoeurs, drabes. » [Brigitte Caron, La fin de siècle comme si vous y étiez (moi, j’y étais), Montréal, XYZ 1994].
De façon générale, il est l’équivalent de plate, « sans intérêt, sans éclat », variante de plat.
Ben accoudé dans un bistro
Devant un bock de bière flat
Le gros Maurice en a plein l’dos
Y trouve que c’est donc rendu plate
Chanson Maurice au bistro, les Cowboys fringants, 2000.
Devoir
Quel tour de langue formé, par plaisanterie, avec l’adjectif drabe retrouve-t-on encore chez certains écrivains québécois pour désigner la colonne vertébrale?
Réponse
La colonne verte et drabe. « Y m’a craquée la soirée durant, la nuitte au complet avec, compas dans l’œil, orienté de ce côté-là, ça fait pas mal mal à la colonne, à la colonne verte et drabe, ça désosse, ça déjointe, ça souince. Me sens comme une marmotte au printemps, pas vaillante pentoute. » (Poupart, Jean-Marie, C’est pas donné à tout le monde d’avoir une belle mort: récit de soulagement – histoire un peu démodée, Montréal, Éditions du Jour, 1974, 146 p.)
