Semer le doute

Douter est issu, par évolution phonétique, du latin dubitare, « hésiter », d’après dubius « indécis », dérivé de duo, « deux ».

Le verbe exprime d’abord l’idée de « craindre », sens sorti d’usage au profit de redouter. Il se fixe ensuite avec son sens actuel, « être dans l’incertitude de la réalité d’un fait, de la vérité, d’une assertion »: douter de tout. La forme pronominale se douter de signifie « supposer, suspecter ».

Le déverbal doute suit le même développement pour désigner l’hésitation, l’inquiétude, quelquefois avec une nuance de soupçon, de manque de confiance, de mise à distance: bénéfice du doute. En psychiatrie, il désigne un comportement obsessionnel caractérisé par des ruminations, des débats de conscience: maladie du doute. En philosophie, il reflète une position qui consiste à ne rien affirmer d’aucune chose, qui met en cause le dogmatisme et l’intégralité des représentations, qui s’oppose à l’opinion commune par esprit critique: doute métaphysique. Le doute religieux évoque l’incertitude portant sur l’existence de Dieu et l’enseignement de l’Église de personnes dont la foi chancelle: l’ombre d’un doute. Il a produit la locution adverbiale à valeur affirmative sans doute, « certainement » mais aussi à valeur dubitative, « probablement ».

Devoir

Doutance, « un doute qui dure, une vague crainte », dérive de doute. Depuis le 16^e siècle, bon nombre de mots formés avec le suffixe –ance ont disparu des dictionnaires. Parfois, leur finale a été refaite pour « faire moderne », oubliance devenant oubli, souvenance, souvenir, désirance, désir. Trouvez cinq de ces mots anciens ou jugés obsolètes d’après leur description.

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