Composé de mi- et nuit, minuit est d’abord attesté au féminin sous la forme mienuit, « milieu de la nuit »: soleil de minuit, le jour crépusculaire au-delà du cercle polaire. Devenu masculin au 16e siècle, minuit et demi, il conserve le genre féminin par archaïsme: la minuit.
Centre de la nuit, favorable aux animaux maléfiques et aux puissances occultes, fantômes, sorciers et démons, le mot est naturellement chargé des fantasmes du monde nocturne : peur, secret, clandestinité, danger, à l’honneur dans la littérature fantastique. Les formules plaisantes sur les douze coups de minuit et minuit, l’heure du crime vibrent d’une résonance chargée de mystère ou d’angoisse.
Le mot désigne précisément la 24e heure de la journée, qu’elle achève, en même temps que l’heure 0, qui fait naître le jour suivant, l’instant où tout bascule vers un renouveau.
D’origine païenne, la messe de minuit, est célébrée dans la nuit de Noël pour fêter la Nativité. Les fidèles entonnent alors les premières mesures d’un cantique ressassé mais célèbre :
Minuit! chrétiens, c’est l’heure solennelle
Où l’homme de Dieu descendit jusqu’à nous,
Pour effacer la tache originelle
Et de son père arrêter le courroux […]
(Placide Cappeau, « Minuit, chrétiens! », 1847.)
Joyeux Noël à tous.
Devoir
Quelle expression québécoise formée avec le mot minuit désigne l’instant ultime, celui de la dernière chance?
Réponse
Être minuit moins cinq ou, plus angoissant encore, être minuit moins une.