La mue des mots

Muer est issu du latin mutare qui signifie « modifier », marquant à la fois une idée de changement et de mouvement. Son évolution exprime bien comment les mots qu’employaient nos ancêtres sont arrivés jusqu’à nous sous une forme écrite et sonore qu’il est le plus souvent impossible de reconnaître.

Mutare ––> mudhare ––> mudher ––> muer

Ainsi le latin mutare devient mudhare au 8e siècle, l’usage de la graphie /dh/ étant alors employée pour représenter un /t/ latin entre deux voyelles. Elle se prononçait comme le /d/ de nada en espagnol contemporain. Au cours des siècles suivants, cette consonne, déjà faiblement articulée, s’est encore atténuée pour disparaître complètement vers le 11e siècle.

De mutare, on est passé à muer mais, jusqu’au 14e siècle, ce mot se prononçait à l’infinitif en faisant sonner la consonne finale, comme aujourd’hui dans le mot fer. Cette consonne finale commence, à son tour, à s’affaiblir au cours des 14e et 15 siècles pour aboutir à la prononciation d’aujourd’hui, sans prononcer le /r/ final.

Chaque mot a donc son histoire faite de « changements » et de « mouvements ». Les linguistes parlent d’évolution phonétique lorsqu’il s’agit du son des mots et d’évolution sémantique lorsqu’il s’agit du sens.

 

Devoir

Vrai ou faux, oïl et oc représentent des formes anciennes de oui?

Réponse

Vrai. Après la chute de l’Empire romain en 476, surviennent les invasions germaniques et, plus particulièrement, celles des Francs, qui auront une influence dominante sur la langue qui deviendra le français quatre siècles plus tard. Cette occupation du territoire par des populations d’origines diverses est en grande partie responsable des grandes divisions dialectales qui partagent la France encore aujourd’hui : dialectes d’oïl au Nord, occupé par les Francs et appelés ainsi parce que oui se disait oïl dans ces parlers); dialectes d’oc au Sud où oui se disait oc.