Lieu de débauche

« Voici dont la mélodie, vénéneuse et bouffonne, de la chair exhibée, offerte, captée. L’indécence des corps tordus, défaits, cambrés, remodelés, traversés. L’illumination de la fièvre, de la débauche, du débordement. » (Guy Scarpetta).

Débaucher, d’abord desbauchier, dérive du français du 12siècle bauc, bauch « poutre »; bauche ayant le sens de « maison » mais aussi de « lieu de travail, atelier ». Outre le sens de « dégrossir du bois » pour en faire des poutres et construire des bâtisses, le verbe signifie « disperser, éparpiller (des gens) », se desbaucher équivalant à « se disperser. » Au 15e siècle, par spécialisation, il prend la valeur de « détourner (quelqu’un) de son travail, de ses obligations » au propre et au figuré, et s’oppose alors à embaucher. Manquement aux devoirs qui mène à la condamnation morale et sociale d’ « entraîner à l’inconduite », d’où « jeter dans le vice. »

Son principal dérivé, le déverbal débauche qualifie l’usage excessif ou déréglé de tous les plaisirs, des sens, notamment ceux de l’amour et de la table; parfois des jouissances sexuelles sur une table, les corps déliés se cherchant une place entre les sushis, les huîtres chaudes gratinées au champagne et les assiettes refroidies de gigot d’agneau au miel et romarin : lieu de débauche, maison de débauche, compagnon de débauche, incitation à la débauche, sombrer dans la débauche. Au figuré, le mot décrit une abondance, une profusion souvent inutile : débauche de l’esprit, débauche d’imagination, débauche de fleurs, débauche de couleurs.

Le participe passé débauché est adjectivé puis substantivé en parlant d’une personne qui s’adonne sans retenue aux plaisirs de la sexualité.

Débaucheur, au 16siècle, qualifie les écrivains religieux mis à l’index comme Calvin. Sens sorti d’usage remplacé par « personne qui incite autrui à la débauche » et à débauchement, action de s’adonner à des excès ou à des comportements immoraux. Débauchage revêt le sens de convaincre un ouvrier de quitter son emploi, souvent pour rejoindre un autre employeur et le fait d’inciter à la désertion au sein des forces armées.

 

Devoir

De nombreuses expressions ont illustré, du 17au 19e siècles, la débauche, la dépravation, l’inconduite, les frasques et les fredaines. Associez leur sens aux cinq expressions du tableau.

A. Aller souvent et surtout la nuit dans les lieux de débauche
B. Éviter les petites fautes et s’en permettre de grandes.
C . Pour une femme, faire des sorties, des voyages qu’interdit la bienséance.
D. Pour qualifier ironiquement deux personnes qui ont les mêmes vices.
E. Pour décrire les pécheurs qui commettent les mêmes péchés dont ils s’étaient confessés.

Battre le pavé.  
Courir la prétentaine.  
Rejeter le moucheron et avaler le chameau.  
Retourner à son vomissement.  
Taupin vaut taupine.  

Réponse

 

Battre le pavé. A – Aller souvent et surtout la nuit dans les lieux de débauche.
Courir la prétentaine. C – Pour une femme, faire des sorties, des voyages qu’interdit la bienséance.
Rejeter le moucheron et avaler le chameau. B – Éviter de petites fautes et s’en permettre de grandes.
Retourner à son vomissement. E – Pour décrire les pécheurs qui commettent les mêmes péchés dont ils s’étaient confessés.
Taupin vaut taupine. D – Pour qualifier ironiquement deux personnes qui ont les mêmes vices.

L’expression courir la prétentaine signifiait pour une femme du 17siècle, faire des sorties, des voyages qu’interdit la bienséance. Prétentaine étant une onomatopée du bruit que font les chevaux en galopant : pretantan, pretantan, pretantaine. Aujourd’hui, l’onomatopée pour décrire le bruit d’un cheval au galop est plutôt cataclop cataclop, pataclop pataclop ou clop clop pour un trot et clap clap pour imiter le son des sabots sur une surface dure.