Alea jacta est, citation latine attribuée à Jules César. Il l’aurait prononcée en traversant avec son armée le Rubicon, petit fleuve à la frontière entre la Gaule cisalpine et l’Italie, acte qui déclenchait une guerre civile à Rome. En français, l’expression devient « le sort en est jeté » ou « les dés sont jetés » et se dit d’une résolution audacieuse sur laquelle, quoi qu’il arrive, on ne reviendra pas.
Dé, le terme de jeu, vient du latin dare « jeter », par référence à datum, « ce qui est jeté sur la table. » Il décrit un petit cube, de matières diverses, os, ivoire, bois, métal, plastique, dont chaque face est marquée d’un nombre différent, utilisé dans les jeux de hasard : lancer les dés, secouer les dés, dé pipé, dé plombé, coup de dé, au figuré « opération dont la réussite est laissée à la chance. » Par analogie d’aspect, il désigne la partie cubique formant la base d’un piédestal ou d’une construction. Le bloc de pierre ou de maçonnerie servant de support à une tuyauterie ou à des rails. La garniture métallique placée au centre d’une pièce de bois ou d’une poulie. La présentation d’aliments tranchés en forme de cube : patates coupées en dés.
Dé comme dé à coudre vient du latin digitale, proprement « ce qui recouvre le doigt ». Orthographié d’abord deel vers 1200, le mot décrit le petit étui en métal ou autre matière solide, de forme tronconique, à surface piquetée, qui protège le doigt qui pousse l’aiguille. Et, par analogie de fonction, la plaque de métal fixée sur la paume de la main, utilisée pour coudre les voiles : dé de voilier.
Dé, le préfixe, vient du latin dis, formateur comme dés- et des- de nombreux mots composés, notamment des verbes servant à modifier le sens du terme primitif en exprimant l’éloignement, la privation, la cessation, la négation, la permutation, la destruction ou l’opposition : défaire/faire, décommander/commander, démonter/monter, dénouer/nouer, déballer/emballer, débrayer/embrayer, décélérer/accélérer, déduire/induire, dénoncer/annoncer, décroître/accroître, désaccorder/accorder, désinfecter/infecter; remplaçant parfois un synonyme : débourber/désembourber.
Il forme aussi, spécifiquement, des verbes indiquant un état issu d’une transformation régressive : détoxiquer « supprimer les effets toxiques de », débraiser « enlever les braises de », dénerver « enlever les nerfs de », déviander, au figuré « ôter la viande, amaigrir », décadenasser « enlever un cadenas. » Des verbes qui, en composition, prennent une valeur perfective marquant l’intensité : couler/découler, couper/découper, faillir/défaillir, goutter/dégoutter, partager/départager. Même si parfois le verbe simple n’existe pas :visage/dévisager.
Devoir
Trouvez cinq expressions, certaines sorties d’usage, formées avec le préfixe dé- d’après leur définition.
S’en aller rapidement, s’enfuir | Se dég _ _ _ _ _ en courant d’air. |
Quitter un lieu après avoir été chassé. | Déb _ _ _ _ _ _ _ _ le plancher. |
Vider une bouteille. | Déc _ _ _ _ _ _ une bouteille. |
Abandonner | Déc _ _ _ _ _ er forfait |
Mourir | Déc _ _ _ _ _ son faux col. |
Réponse
S’en aller rapidement, s’enfuir | Se déguiser en courant d’air. |
Quitter un lieu après avoir été chassé. | Débarrasser le plancher. |
Vider une bouteille. | Décoiffer une bouteille. |
Abandonner | Déclarer forfait |
Mourir | Déchirer son faux col. |