Péril en la demeure

Le mot péril vient du latin periculum « essai, expérience, épreuve », d’où « risque, danger » et, en latin médiéval, « danger de l’âme, damnation ». Étymon qui se rattache à la racine indoeuropéenne per- « aller de l’avant, pénétrer dans » qui figure dans un grand nombre de mots français tels péricliter, expertise, expérience.

Il qualifie l’état d’une personne qui court de grands risques, qui est menacée dans sa sécurité ou dans ses intérêts : se trouver en péril, à ses risques et périls, « en prenant sur soi l’entière responsabilité d’une initiative et en acceptant d’en subir personnellement les éventuelles conséquences fâcheuses »; au péril de sa vie, « au risque de mourir en s’exposant à un grand danger », formule servant parfois à renforcer une affirmation très exagérée : « J’ai protégé la barre de chocolat que mes enfants voulaient me dérober au péril de ma vie. »

Le risque qu’une situation peut faire courir aux humains : péril atomique, péril rouge, celui des communistes à l’époque de la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS; péril jaune, défini à la fin du 19e siècle comme le danger que les peuples d’Asie surpassent les Blancs et gouvernent le monde; péril en mer, arrêté de péril, en droit, acte administratif qui prescrit au propriétaire d’un bâtiment jugé menaçant ou en ruine de le démolir ou de le réparer.

La locution du 17e siècle il n’y a pas péril en la demeure ne fait pas référence à l’habitation mais au verbe demeurer « rester sans bouger » et se définit comme « rester inactif n’est pas si grave. »

L’adjectif périlleux s’applique à quelque chose de concret ou d’abstrait qui présente un danger: saut périlleux, art périlleux de la prose. L’adverbe périlleusement est rare et d’emploi littéraire.

 

Devoir

Qu’ont en commun les mots suivants avec péril ? Baril, chenil, nombril, persil et sourcil.

  • Ils se terminent tous en -il.
  • Ce sont tous des mots avec deux syllabes.
  • La consonne finale est toujours prononcée.

Réponse

De nos jours, les puristes de la langue recommandent de toujours prononcer la consonne finale des mots. Ce qui n’était pas le cas au 16e siècle alors qu’aucune consonne finale ne se prononçait à moins d’être suivie par une voyelle. Ainsi péril se prononçait péri, baril, bari, chenil cheni, nombril, nombri, persil persi et sourcil sourci. Tout comme bac se prononçait ba, bonheur, bonheu et mouchoir mouchoi, comme dans le célèbre film réalisé en 1978 par Bertrand Blier avec Gérard Depardieu et Carole Laure, Préparez vos mouchois! De même on considérait alors la forme i faut comme la bonne prononciation et il faut comme pédante. La réintroduction des consonnes finales se produit au cours des siècles suivants jusqu’à devenir la norme mais plusieurs locuteurs du français standard ou du français québécois n’ont pas complètement abandonné l’ancienne prononciation, par exemple pour les mots baril, nombril, persil et sourcil.