Affaire croustillante

Fredric Baur, chimiste, est décédé à Cincinnati dans l’Ohio en mai 2008 à l’âge de 89 ans. Il est l’inventeur du processus permettant de conditionner les chips en les empilant dans un tube. Les boîtes de Pringles, c’est lui. Fier de son invention brevetée en 1966 et qui l’a rendu riche, il avait exprimé, avant de mourir, une étrange dernière volonté: que ses cendres soient versées dans une boîte de Pringles et placées ensuite dans le caveau familial.

Sa famille a-t-elle respecté son souhait? À moitié. Une partie de ses cendres a été répandue dans un tube de Pringles; le reste dans une urne plus traditionnelle.

Tant qu’à disperser ses cendres, considérant que Baur avait exprimé clairement la volonté qu’elles soient placées « à l’intérieur » de son invention bien-aimée, il y aurait eu lieu, je pense, de procéder autrement.

J’ai vérifié. Le corps humain est composé à environ 65% d’eau. Lors d’une crémation, mot plus moderne qu’incinération, elle se sera évaporée vite fait à plus de 850°C durant une heure et demie. Les composés organiques de la masse résiduelle aussi. À noter que les personnes grasses brûlent très bien.

Une fois les os broyés et réduits en poussière, la quantité de cendres qui reste, tout dépendant de la corpulence du défunt, est environ 3 à 3.5 litres. Considérant que chaque boîte de Pringles contient 14,8 grammes de chips, les cendres de M. Baur auraient pu ainsi être dispersées dans 9 boîtes. Saveurs original, crème sure et oignon, BBQ, sel et vinaigre, fromage cheddar, cornichon à l’aneth, goût de pizza, Buffalo Ranch, dont la teneur est réduite en gras, et fiesta da salsa.

Pour ma part, à l’aube de mes 66 ans, j’exprime aussi une dernière volonté. Qu’après ma mort et l’incinération de mon corps, sur ma pierre tombale soit gravée l’épitaphe suivante: « Prière de ne plus déranger. »

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