Au bonheur des ogres

C’est l’histoire, comprends tu, de Benjamin, un homme dans la mi-vingtaine dont les parents sont absents: mère en voyage, père inconnu. Benjamin a un drôle d’emploi: bouc émissaire. Il travaille dans le département des réclamations d’un grand magasin, genre Walmart. Son travail consiste à se faire vertement engueuler par le chef du département, devant les clients, de sorte que ceux-ci, pris de pitié pour lui, retirent leur plainte. Ça marche huit fois sur dix. Sa job est spéciale mais c’est surtout sa famille et son chien épileptique qui le sont. En voici des petits bouts que j’ai bien aimés.

(Quand Benjamin décrit Thérèse, sa soeur, cartomancienne de la bande)

Ça m’a toujours posé un problème de câliner Thérèse. On dirait que la moindre caresse l’électrocute.

(Quand il parle de l’esprit de famille d’Amar, son ami arabe et restaurateur)

Après qu’Amar m’a demandé des nouvelles des miens jusqu’à la septième génération…

(Quand Laurent, son presque beau-frère, explique qu’il ne veut pas faire d’enfant à Louna, sa blonde et soeur de Benjamin parce qu’il se trouve poche comme homme et qu’il se trouverait encore plus poche comme père)

Je veux bien qu’elle (Louna) m’aime, mais je ne veux pas qu’elle me reproduise.

(Quand Benjamin décrit le chef de police chargé de l’enquête sur les explosions de bombes dans le magasin où il travaille)

Une de ses mains, glissée entre deux boutons du gilet, reposait sur son estomac, agacé sans doute par l’ulcère des responsabilités.

(Pour décrire les petits vieux du quatrième âge dont l’un est soupçonné d’être le poseur de bombes)

Faut les comprendre, ils ont tout à oublier, même l’avenir.

(Quand sa soeur Louna, enceinte de Laurent et qui a refusé de se faire avorter, accouche de jumelles. Benjamin pense qu’il devra aussi s’en occuper)

Parce que des jumeaux, ne nous leurrons pas, c’est deux bouches de plus à nourrir, quatre oreilles à distraire, une vingtaine de doigts à surveiller, et des états d’âme à éponger.

(Quand Benjamin décrit une vendeuse du magasin qui a maigri)

Ma petite vendeuse écureuil a maigri. Ses joues ont perdu leurs provisions d’hiver.

À la fin du roman et du dénouement de l’intrigue policière, la mère de Benjamin revient… enceinte!

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