La petite et le vieux

J’ai découvert ce roman de Marie-Renée Lavoie durant « ma période québécoise »: trois romans d’auteurs québécois lus coup sur coup. Je vous parlerai des autres plus tard.

C’est l’histoire, comprends-tu d’Hélène, une petite fille de 8 ans, et Roger, un vieil homme, son voisin de bungalow à Limoilou, qui attend la mort en buvant de la bière sur une chaise longue devant chez-lui. En voici quelques jolis passages.

(Pour décrire les robineux dont la principale occupation est d’arpenter les rues de leur quartier)

Certains mouraient d’épuisement au coin d’une rue, entre deux pas… Des années à marcher pour aller nulle part, en exil de soi.

(Quand Hélène, 8 ans « mais qui a l’air d’en avoir 10 », analyse la vie de couple de ses parents dans leur petite maison)

Je n’aurais pas pensé qu’il s’agissait d’amour. Ça ne pouvait pas avoir cette tiédeur… On voyait bien que les ennuis battaient en retraite devant la tranquillité de leur bonheur qui ne se formalisait pas de la piètre qualité de leur décor.

(Hélène et Roger discutant succinctement de la mort d’une petite fille atteinte de leucémie)

– Est morte de quoi?

– D’une maladie mortelle, c’t’affaire!

(Tard le soir, sortant de sa chambre après que son père se soit pété la tête sur le comptoir de la cuisine)

J’ai eu envie de lui tendre la main, lui apporter une débarbouillette trempée, mais je suis retournée à ma nuit blanche broyer du noir avec tout ce que je ne pouvais pas faire pour lui.

(À 16 ans, en parlant de son amie, Cinthia, serveuse comme elle dans un restaurant)

Elle était tombée enceinte de son beau ténébreux du bingo à quinze ans, et s’était retrouvée mère monoparentale à sa première fête des Mères.

(Quand Roger meurt, quasiment dans les bras d’Hélène)

Il est seulement tombé dans la neige, comme une branche qui cède, fatiguée de tout supporter, les feuilles, les oiseaux, le verglas, la solitude… Je ne me suis pas retournée, je voulais lui donner au moins quelques secondes pour mourir en paix… Je me suis ensuite penchée sur lui et j’ai regardé les flocons tomber, petites araignées de glace qui entraient en fusion au contact du cuir usé de son visage.

C’est tout. Où est la conclusion, auraient plaidé les soeurs qui m’ont appris la composition à la petite école? Y a pas de conclusion, désolé, mes soeurs. On fait ce qu’on veut de nos jours, on est sur Facebook, après tout.

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