« Après (ma mort), je pourrai aller retrouver mes potes Frédéric Dard et Vadim au paradis pour casser une bonne croûte et jouer aux cartes. » (Robert Hossein, 1927-2020).
Le mot croûte, écrit d’abord croste vers 1100, vient du latin crusta, « ce qui enveloppe, recouvre », particulièrement en parlant du pain, d’une plaie. Mais l’étymon latin lui-même est d’origine indoeuropéenne, krust « glace », qui se rapproche du grec kruos « froid glacial » et du letton krevé « croûte » (d’un glacier).
En français, il s’emploie dans le domaine de l’alimentation à propos de la partie extérieure durcie à la cuisson d’un pain : croûte brûlée; par opposition à mie, sa partie intérieure de consistance molle et légère. Il désigne aussi un repas sommaire : casser la croûte (avec quelqu’un), « manger amicalement et sans façon », et « se nourrir légèrement et rapidement. » Un mets dans la préparation duquel entrent des croûtes ou des tranches de pain : croûte au fromage, croûte au pot, un potage. Une pâte cuite au four entourant certaines préparations culinaires : croûte feuilletée, pâté en croûte. La locution gagner sa croûte signifie gagner sa nourriture, puis sa vie. A mes croûtes, « à mes frais. » S’embêter comme une croûte de pain derrière une malle, usuelle au 19e siècle, « s’ennuyer profondément. »
Par extension, le mot décrit la couche durcie et consistante qui se forme ou s’attache à la surface d’un corps : croûte de glace, croûte de tarte. En géologie, la partie superficielle du globe terrestre : croûte terrestre, par opposition à croûte océanique. En médecine, la lamelle irrégulière formée sur une lésion de la peau: croûte de sang, croûte de lait « affection cutanée chez le nourrisson » En céramique, la croûte est une lame de terre bien égale d’épaisseur qu’on applique sur le moule à l’aide du tour. En menuiserie, la première ou la dernière planche sciée dans une grume et dont la face non équarrie conserve l’écorce. En peausserie, la couche inférieure, côté chair, d’un cuir dans son épaisseur : croûte naturelle.
Péjorativement, le mot désigne une personne superficielle à l’esprit borné et imbécile : vieille croûte, croûte de pédantisme, croûte d’ignorance.
Parmi les dérivés et composés encore usuels figurent le dénominatif croûter, croûtage, un terme d’agriculture désignant le dessèchement de la couche superficielle du sol, le diminutif croûtelette, croûteux, croûton, croûtonner, croustance, « nourriture, bouffe », écroûter, écroûtement, désencroûter, familièrement « débarrasser de ses préjugés, de ses habitudes », croustiller, incruster, croustade par l’italien crosta et crustacé, par analogie à des revêtements durs, pour désigner la classe d’animaux aquatiques dont le corps est recouvert d’une carapace.
Devoir
Casse-croûte, au sens de « restaurant de petite taille offrant des repas rapides et des rafraîchissements qu’il faut en général demander au comptoir » est un québécisme. Trouvez quatre autres composés formés avec l’élément « casse » d’après leur définition.
Personne qui s’expose, sans réflexion, au danger. | Casse-c _ _ |
Qui présente un danger ou un péril élevé. | Casse-gu _ _ _ _ |
Personne importune, insupportable. | Casse-pi _ _ _ |
Problème insoluble ou très difficile à résoudre. | Casse-t _ _ _ |
Réponse
Personne qui s’expose, sans réflexion, au danger. | Casse-cou |
Qui présente un danger ou un péril élevé. | Casse-gueule |
Personne importune, insupportable. | Casse-pieds |
Problème insoluble ou très difficile à résoudre. | Casse-tête |
Casse-pieds, « personne importune, insupportable » a des variantes injurieuses : casse-couilles et casse-burnes.