Dans la salle d’attente

J’étais dans la salle d’attente. Le chirurgien, celui qui m’a reconstruit le nombril comme d’autres rebâtissent un genou, m’avait donné rendez-vous à 13 h 30 pour l’examiner une dernière fois.

 

Un homme bougonnait à côté. Il était tanné, disait-il à sa voisine, une pure inconnue, de donner 5 $ à sa blonde pour qu’elle mette du gaz dans leur auto… L’amour qu’un homme porte à sa blonde peut-il se traduire au nombre de fois qu’il lui donne 5 $ pour mettre du gaz dans leur char? Et si elle faisait le plein, cela vaudrait-il dire qu’il l’aime davantage? Cet homme était-il radin ou romantique? « Chérie, je t’aime trop; la distance qui nous sépare ne doit jamais excéder l’équivalent de 5 $ de gaz. » Ou opportuniste: « Chérie, peux-tu sortir les vidanges? Pis, tant qu’à être dehors, mettre 5 $ de gaz dans le char? L’argent est sur la poubelle. »

 

Je devrais cesser de me poser toutes ces questions auxquelles personne ne me demande de répondre.

 

En passant, mon nombril se porte à merveille selon le chirurgien. Heureusement, car j’y tenais beaucoup, tendresse qui s’exprime en ce message tatoué sur un ventre qui n’est pas le mien: « Mon nombril reste ma plus belle cicatrice qui me rappelle mon attachement à ma mère. »

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