Don d’orgasme

« Le X, c’est le seul métier où l’on peut avoir un orgasme sur son lieu de travail. » (Ovidie, star du X, 1999-2003).

Durant l’acte sexuel, le corps subit plusieurs réactions. Les pupilles se dilatent, les vaisseaux se contractent, la température augmente, le cœur s’emballe, la pression artérielle crève le plafond. La respiration s’accélère, devient haletante, le cerveau envoie des impulsions électriques dans tous les sens qui se butent aux parois du crâne et des sécrétions jaillissent de toutes les glandes. Les muscles se tendent et se crispent comme si on pouvait soulever la terre, du moins sa partenaire. Puis tout explose dans les douze à vingt dernières secondes, quand se produit l’orgasme.

Le mot, attesté tardivement en français, au 17siècle, vient du grec orgasmos révélé dans les scolies d’Hippocrate (vers 460-377 av. J.-C.). Dérivé de organ, « être plein de suc, de sève » en parlant d’une terre fertile, de plantes, de fruits qui mûrissent » et, plus généralement, « bouillonner de désir amoureux », de orgê « disposition, tempérament » , spécialement « ardeur, passion ».

L’hellénisme désigne d’abord un état de tension, d’excitation, de turgescence (gonflement) d’un tissu ou d’un organe : « Le calorique et le fluide électrique (…) sont les agens directs qui produisent l’orgasme et les mouvemens intérieurs qui, dans les corps organisés, y constituent et y entretiennent la vie. » (Jean-Baptiste Lamarck, Philosophie zoologique, 1809). Au figuré, il décrit l’effervescence des sentiments, le mouvement incontrôlable de l’âme se traduisant par des phénomènes physiques : « Un horrible délire s’empare de ses sens; et, dans un orgasme convulsif, il étrangle sa fiancée. » (Honoré de Balzac, Œuvres diverses, 1830).

Son sens moderne d’apogée de l’excitation sexuelle est attesté la première fois en 1777, d’abord à propos de l’érection masculine et de l’émission du sperme lors du coït : atteindre l’orgasme; ensuite en parlant de la femme : orgasme clitoridien, orgasme vaginal, feindre l’orgasme. « La sexualité vécue librement, visant la jouissance et pas seulement la procréation régentée par la loi et le rite, risque, à force d’amour et d’orgasmes, de mener à la conclusion que le paradis d’ici-bas vaut mieux que le paradis promis. » (Kamel Daoud, L’orgasme n’est pas un complot occidental, dans le journal Le Monde, 2018).

Les dérivés orgasmique et orgastique, terme savant, qualifient toute activité qui amène à l’orgasme et à l’état de plaisir sexuel intense; le verbe orgasmer, atteindre l’orgasme. L’absence d’orgasme se nomme anorgasmie. Malgré leur proximité phonétique, organe et orgie sont issus d’autres racines grecques.

 

 

Devoir

Avant orgasme en 1777, les amants utilisaient quelle expression érotique pour qualifier cet état?

Pet _ _ _ m _ _ _ .

Réponse

Petite mort. À l’époque d’Ambroise Paré, père de la chirurgie moderne au 16e siècle, on étudiait beaucoup l’anatomie. On désigna alors le point culminant du plaisir sexuel comme une « petite mort » du fait du court évanouissement ou des frissons qu’il peut provoquer : « Mme Galen n’avait tout simplement pas eu de chance de faire son arrêt cardiaque juste au moment où elle-même vivait une petite mort, à califourchon sur Mr Deal dans les toilettes pour femmes, derrière un panneau qui disait,  fort à propos,  HORS SERVICE. » (Belinda Bauer, Cadavre 19, 2015).