Partie de quilles

« Nous aimons la musique des quilles, le choc sourd de la boule sur les pommes, sa façon de tourner (…) et cette manière raide et stupéfaite qu’ont les quilles de s’abattre sur le sol ou de se renverser entre elles. » (Joseph de Pesquidoux, Chez nous : Travaux et Jeux rustiques, 1923).

En Égypte, 5000 ans av. J.-C., on s’adonne déjà à un jeu similaire qui consiste à faire tomber des colonnettes au moyen d’une boule lancée à la main. Au 13siècle, le mot lui-même, quille, est formé d’après le vieil allemand kegil « cheville, piquet, pieu », et spécialement « morceau de bois dans un jeu ».

Le français reprend le sens de l’allemand moderne Kegel « pièces de bois cylindriques posées verticalement sur le sol qu’il faut abattre avec une boule : jeu de quilles, qui se joue désormais en salle sur une piste en bois avec des quilles en forme de bouteille, au nombre de dix, placées en triangle; appellation concurrencée par l’américanisme bowling. « Des vieux jouent aux quilles et discutent longuement les coups douteux. Il faut les voir, le genou ployé, lever la boule à la hauteur des yeux, comme pour viser les quilles, puis la lancer brusquement d’un vigoureux tour de reins. » (Émile Moselly, Terres lorraines, 1907).

Au 15e siècle, par analogie de forme, l’association se fait avec « jambe » : jouer des quilles, prendre son sac et ses quilles, trousser ses bagues et ses quilles, expressions désuètes signifiant « décamper, s’enfuir à toutes jambes ». La locution adverbiale usuelle (débarquer) comme un chien dans un jeu de quilles signifie arriver de manière incongrue, dans de très mauvaises conditions.

Quille désigne aussi une pièce d’étoffe mise au bas d’une robe, d’une jupe pour lui donner de l’ampleur; ornement que les femmes ne portent plus. Aux bouteilles de forme allongée des vins d’Alsace et de la vallée du Rhin : « Les quilles de vin du Rhin dépassaient de la tête les bouteilles de vin de Bordeaux au long bouchon, coiffées de capsules métalliques, » (Théophile Gautier, Voyage en Russie, 1895.)

Par ailleurs, il arrive qu’un mot possède deux étymons qui reflètent sa double personnalité. Terme de marine, quille, vient du scandinave du 14siècle kilir « quille de bateau » dont une des formes est le vieil islandais. Pièce longitudinale inférieure d’un bateau, allant de l’étrave à l’étambot, sur laquelle repose toute l’ossature. La fausse quille est l’assemblage de pièces de renfort chevillées sous la quille pour la protéger en cas d’échouage. La quille de roulis désigne un plan en tôle perpendiculairement sur la coque pour amortir le roulis.

 

Devoir

Les dérivés de quille sont rares et plutôt techniques. Trouvez-en quatre d’après leur définition.

Voilier de compétition, d’un tonnage plus élevé que le dériveur et doté d’une quille.

 

Qui _ _ _ _ _
Branche d’osier que l’on fixe dans la terre pour qu’elle prenneracine. Qui _ _ _ _ _ _
Au Canada, joueur de quilles. Qui _ _ _ _ _
Chacune des deux tiges formant la croix dans la garde de l’épée. Qui _ _ _ _

Réponse

Voilier de compétition, d’un tonnage plus élevé que le dériveur et doté d’une quille.

 

Quillard
Branche d’osier que l’on fixe dans la terre pour qu’elle prenneracine. Quillette
Au Canada, joueur de quilles. Quilleur
Chacune des deux tiges formant la croix dans la garde de l’épée. Quillon

Par extension, quillette désigne toute branche d’arbre que l’on plante pour la reproduction. En français standard, quilleur désigne la personne assignée à la remise en position des quilles après leur chute. Au Québec et dans l’Ouest de la France, il s’applique aux joueurs eux-mêmes.