La mouche

« Apprends à connaître ton ennemi avant de le combattre ».

Selon Wikipédia, la Musca domestica est la plus commune des espèces de mouches domestiques. Depuis cinq ans, l’une des plus petites, la Fannia cunicularis, me tourne autour dans le bureau fermé qui constitue mon lieu de travail. Elle évite prestement mes tapes à deux mains, mes claques de Journal de Montréal et mes attaques de karaté, particulièrement de Fumi Zuki « coup de poing écrasant », que je lui administre chaque nuit, sans succès, pour l’effoirer.

C’est assez le niaisage. J’ai donc appris sur Internet qu’une femelle originelle est la cause de mon tourment. Sortie de son état larvaire au bout de 36 heures, fécondée sans préambule par le premier mâle venu, elle a pondu 1000 œufs en un seul accouplement. Elle est morte un mois plus tard mais a été en mesure de stocker la semence de son compagnon. Une sorte de banque de sperme utilisé « post mortem » lors de plusieurs pontes d’œufs.

Bref, les mouches qui m’importunent depuis 5 ans sont toutes les rejetons de cette femelle originelle. Généralement, les mouches se nourrissent de matières organiques mortes ou en voie de décomposition, telles un cadavre, des excréments et des détritus. J’ai vérifié dans le placard et les tiroirs: point de cadavre en un ou plusieurs morceaux. Pas d’effluves de matières fécales étalées sur le plancher non plus. Mais des restants de poutine et de pizza toute garnie dans la poubelle; encore de la malbouffe commandée par l’équipe de soir, juste avant que ne débute mon quart de travail.

C’est donc ainsi que les asticots se nourrissent, programmés par leur mère à sortir de l’oeuf un à la fois, chaque nuit depuis 5 ans, et, devenus mouches, à me narguer en me tournant autour, faisant fi de mes réflexes pourtant encore aiguisés, héritage d’années de compétition de badminton; de plus en plus agiles et sournoises, d’une génération de mouches à l’autre. Mais c’est terminé. Maintenant que je sais où les larves se cachent, vivement que je les extermine en rinçant la poubelle avec de l’eau de Javel. Tiens toé.

 

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