Le pont

Je sais que certains insectes marchent sur l’eau comme Jésus avant qu’il n’ait des trous dans les pieds. On les appelle les patineuses. Joli comme nom. Mais ceux de ma cour ne savent pas nager. Du moins, les dizaines qui flottent, inertes, à la surface de l’eau quand je nettoie la piscine. Des guêpes, entre autres, qui ont dû plonger directement d’un tremplin imaginaire pour impressionner les femelles au milieu de la saison des amours.

 

Certains s’en sortent vivants lorsque je jette au loin le contenu du panier-filtre en plastique dans lequel s’entassent sens dessus dessous feuilles, résidus divers et insectes de tout poils. Jusqu’à hier, ils utilisaient une deuxième sortie de secours: un spaghetti-mousse dont un bout pendouillait dans l’eau et l’autre sur le bord de la piscine, formant comme un pont couvert que les insectes empruntaient pour atteindre la terre ferme. Un pont sans péage, ai-je besoin de le préciser. Sur ce plan, Justin Trudeau et moi partageons le même point de vue.

 

J’ai enlevé le spaghetti de l’eau et passé le boyau d’arrosage dedans pour le nettoyer. Position « grand jet ». Je pense que ces insectes-là ont dû revoler jusqu’à la piscine du voisin. Méchante bad luck.

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