Les fous de Bassan

Les fous de Bassan. Premier roman que je lis d’Anne Hébert, une écrivaine québécoise (1916-2000). C’est l’histoire, comprends-tu, d’une petite communauté de Loyalistes, ces colons américains restés fidèles à la monarchie britannique pendant la guerre d’indépendance (1775-1783). Qui ont fui les États-Unis pour s’installer en Nouvelle-Écosse dans l’Est du Canada.

À l’été 1936, un événement tragique se produit. Deux jeunes filles de 15 et 17 ans sont assassinées à Griffin Creek, hameau perdu au bord de la mer. Les acteurs principaux de l’histoire révèlent leur version des faits et leurs sentiments à tour de rôle. Le révérend Nicolas Jones, Stevens Brown et son frère Perceval, l’idiot du village, Nora et Olivia Atkins.

J’ai mis du temps à embarquer dans l’intrigue pas facile à suivre et qui saute continuellement de l’année 1936 à 1982. Pas vraiment charmé par l’écriture de l’auteure mais bon, j’ai fini le bouquin, c’est bon signe. Quand c’est trop plate, j’arrête après 50 pages et le livre prend le bord de la poubelle. En voici des petits bouts que j’ai soulignés dans le texte.

(Quand Stevens Brown, parti de Key West en Floride, décrit son retour au pays)
« Depuis mon départ, j’ai suivi la côte Atlantique, dans tous ses découpages, habitué depuis mon enfance à avoir sous les yeux la ligne de l’eau, son haleine large et salée, ses vols et ses grincements de mouettes et de goélands. »
« Je me promène sur la grève de Griffin Creek. Des débris de bois argenté qu’on appelle ici bois sauvé, des algues visqueuses aux grains gonflés que je fais claquer sous mes pieds. »
« Parfum sucré des fraises, chaleur rousse de la terre, respirée de tout près. »

(Quand Nora Adkins tend à Stevens, son cousin, l’harmonica dont elle vient de jouer; elle a le kick sur lui)
« Goûte, c’est comme si on s’embrassait. »

(Après un gros orage)
« Une pluie torrentielle. Durant trois jours. L’eau n’entre plus dans la terre. Le village s’est mis à flotter comme une île à la dérive avec sa montagne, ses champs, ses maisons, ses bâtiments désormais sans ancre, ni rien pour les retenir. »

(Olivia et Nora à la plage très tôt avec leur grand-mère)
« Felicity ma grand-mère se réveille de plus en plus tôt. Devançant l’aurore parfois, elle nous entraîne Olivia et moi , en pleine noirceur, pour mieux voir venir la barre du jour » (quelle jolie expression).

(Stevens, pas bien dans sa tête, accompagne les deux jeunes filles; il les tuera le soir même).
« Un garçon et deux filles marchent sur la route de Griffin Creek, enjambent des flaques de lune blanche. »
« Déjà une fois tout à l’heure. Nora. La source du cri s’amenuise en un petit filet. Très vite Olivia rejoint Nora à mes pieds, sur le sable de Griffin Creek, là où les filles punies ne sont plus que de grandes pierres couchées. »

Poussé vers le large, le corps de Nora est rejeté sur la grève mais celui d’Olivia est emporté au loin. Le témoignage touchant qu’elle livre est donc celui d’une morte, Olivia de la Haute Mer.

 

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