Michelle, de la Direction des communications, était l’organisatrice de la distribution de cadeaux par les employés du Ministère. Celle aux enfants d’une école se trouvant dans un milieu défavorisé. Elle se rendit directement vers lui et pigea dans une pile de feuilles. « Tiens, voici la lettre 27 de Katia, la petite fille à qui tu donneras un cadeau cette année. »
Katia avait écrit, en lettres carrées, qu’elle était une élève de l’école primaire Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours dans l’arrondissement Sud-Ouest de Montréal. Elle avait 8 ans: « PÈRE NOËL, J’AIMERAIS AVOIR UNE POUPÉE BARBIE. J’EN PRENDRAIS SOIN COMME MA PETITE SOEUR QUI EST MORTE L’HIVER PASSÉ. MERCI. »
Il se rappelait avoir acheté une Barbie à sa fille mais c’était il y a longtemps, quand elle était toute petite. Il regarda sur Internet pour se donner une idée. La Barbie avec Ken? Non. Celle avec la décapotable rouge? L’hélicoptère? Avec le coffret de voyage? En bikini? En robe de bal? Voilée? À la ferme? En ballerine? En dentiste? En juge? En fauteuil roulant? En joueuse de soccer? Dans sa caravane de rêve?
Finalement il opta pour une Barbie qui ressemblait plus à une petite fille de 8 ans ou à une soeur de 5 ans qu’à une femme fatale. Et une garde-robe qui rassemblait des vêtements de tous les jours.
Il s’apprêtait à emballer son cadeau avec du joli papier et une boucle mais quelque chose clochait. Il mit du temps à comprendre. Enfin, il saisit une carte de Noël, un stylo et écrivit un mot à la petite fille en lettres carrées: « CHÈRE KATIA, VOICI TA POUPÉE. J’ESPÈRE QU’ELLE TE PLAIRA. J’AI AJOUTÉ 60 $. ACHÈTE UN CADEAU À TA MÈRE. ELLE NE M’A RIEN DEMANDÉ ENCORE CETTE ANNÉE. BISE À VOUS DEUX. » Il scella l’enveloppe, l’emballa avec le cadeau et le remit à Michelle.