Maudite boisson

Les fourmis aiment la bière. Du moins la St-Ambroise et la Sleeman, la bouteille claire au passé obscur. Deux caisses vides, l’une de St-Ambroise l’autre de Sleeman, se trouvaient dans la salle à dîner, après la fête de mon fils Antoine, près de la porte-patio donnant sur le jardin. Les fourmis ont pénétré illico dans la maison, par de micro-passages, et se sont installées en masse autour pour vider les fonds de bouteille.

Les caisses ont été déplacées sur la galerie; les fourmis ont aussitôt afflué vers elles, délaissant la salle à dîner. J’en ai profité pour les pushpusher avec un produit anti-bébittes. À la fin, elles étaient toutes inertes, mortes ou saoules.

Si les fourmis démontrent un goût immodéré pour l’alcool, qu’adviendra-t-il de leur réputation d’infatigables besogneuses? Les ouvrières voudront-elles raccourcir leur journée de travail pour boire un petit coup, histoire d’avoir un peu de plaisir dans la vie? Risquent-elles, les jeunes surtout, de fomenter une grève dans la colonie, pire une révolution: on veut de la bière pis, hic, une société de loisirs?

Faudra-t-il réinventer la fable La cigale et la fourmi?
La fourmi s’étant enivrée
Tout l’été
Se trouva fort dépourvue
Quand de bière, il n’y eut plus
À la cigale la stridulante
Elle quêta le silence
Ta yeule la bruyante
Mes antennes m’élancent.

Après la disparition des abeilles, assisterons-nous à l’effondrement d’une autre espèce d’insectes sociaux? Maudite boisson.

 

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