« La vie mettra des pierres sur ton chemin. À toi de décider si tu en fais un mur ou un pont. » (Coluche, 1944-1986).
Mur vient du latin murus « enceinte d’une ville », sens sans doute influencé par les rites de fondation d’une cité chez les Étrusques, et, au figuré, « défense, protection ».
Le français l’adopte dès le 10e siècle pour désigner l’ouvrage de fortification qui enclot une ville. Au 13e siècle, dans des expressions adjectives et adverbiales : defors li mur « hors les murs » et « dans les murs », concurrencées tardivement par les latinismes extra-muros et intra-muros. Il décrit ensuite l’ouvrage de maçonnerie vertical, parfois oblique, d’épaisseur et de hauteur variable, qui s’élève sur une certaine longueur pour constituer le côté d’un bâtiment, enclore ou séparer des espaces, soutenir et supporter des charges : mur de pierres, mur de briques, mur porteur, mur mitoyen, mur de façade, mur de fondation, mur de soutènement. Valeur dominante correspondant aussi au latin paries « paroi ».
Figurant dans plusieurs expressions courantes et proverbes : entre quatre murs, « à l’intérieur d’un logement, chez soi, volontairement ou non », faire (sauter) le mur, « sortir sans permission de la caserne, de la pension », battre les murs, « vaciller d’un côté à l’autre de la rue comme un homme ivre », raser les murs, « marcher le plus près possible du mur en se dissimulant, se protégeant », se cogner (se taper) la tête contre les murs, « se désespérer », être (se trouver) le dos au mur, « être dans l’impossibilité de fuir, de reculer, d’échapper à une situation », mettre (être) au pied du mur, « ôter à quelqu’un toute échappatoire », « être acculé à prendre une décision, être contraint d’agir », les murs ont des oreilles, « Il faut parler avec circonspection de peur d’être écouté. »
Par analogie, il désigne un ouvrage qui n’est pas en maçonnerie qui peut servir de séparation, de clôture : mur de terre, mur de planches. Un obstacle naturel qui s’élève à la verticale et qui forme barrière : mur montagneux. En alpinisme, une paroi rocheuse extrêmement abrupte et élevée. Au football, un alignement défensif constitué par plusieurs joueurs se tenant côte à côte pour empêcher un tir au but. Sur Internet, l’interface numérique permettant à un utilisateur de publier et partager des contenus avec son réseau. Un phénomène physique aérodynamique considéré longtemps comme insurmontable : mur du son.
Par figure, il décrit un obstacle d’ordre psychologique qui sépare les gens, empêche la communication : mur de haine, mur d’incompréhension, mur d’indifférence. Une personne insensible, inébranlable dans ses opinions, ses résolutions : « Je lui ai recommandé un million de fois de ne pas quitter le café lorsque je n’y étais pas, c’est comme si je parlais à un mur. » (Théodore Leclercq, Madame Sorbet,1835).
Les dérivés directs ou proches sont muraille, murailler, muraillement, muret, mureau, « petit mur dressé devant un fourneau de forge », murette, emprunté au provençal mureta « rempart », murer, murage, démurer, emmurer, emmurement, emmurage, mural et claquemurer « enfermer à l’étroit. »
Devoir
Associez cinq murs célèbres en leur temps à leur description : Mur d’Hadrien, Mur de l’Atlantique, Mur de la honte, Mur des lamentations, Mur murant.
Ensemble de fortifications élevé par les Allemands au cours de la Seconde Guerre mondiale pour prévenir un débarquement allié en France. | |
Lieu traditionnel de prière où les fidèles juifs viennent déplorer la ruine du Temple et la dispersion du peuple élu. | |
Mur d’enceinte à Paris construit entre 1784 et 1790 destiné à renforcer le contrôle pour la perception des taxes. | |
Mur partageant la ville de Berlin en deux de 1961 à 1985. | |
Muraille défensive construite par les Romains dans le nord de l’Angleterre entre les années 122 et 127. |
Ensemble de fortifications élevé par les Allemands au cours de la Seconde Guerre mondiale pour prévenir un débarquement allié en France. | Mur de l’Atlantique |
Lieu traditionnel de prière à Jérusalem où les fidèles juifs viennent déplorer la ruine du Temple et la dispersion du peuple élu. | Mur des lamentations |
Mur d’enceinte à Paris construit entre 1784 et 1790vers 1785 destiné à renforcer le contrôle pour la perception des taxes. | Mur murant |
Mur partageant la ville de Berlin en deux de 1961 à 1985. | Mur de la honte |
Muraille défensive construite par les Romains dans le nord de l’Angleterre entre les années 122 et 127. | Mur d’Hadrien |
Le Mur de l’Atlantique a été érigé le long de la côte occidentale de l’Europe pour empêcher une invasion du continent par les Alliés depuis la Grande-Bretagne.
Le Mur des Lamentations est un vestige du mur de soutènement du temple construit par Hérode le Grand entre l’an 20 et 19 av. J.-C. L’appellation vient de son nom traditionnel arabe, El-Mabka, « lieu de lamentations », inspiré du deuil des Juifs causé par la destruction de leur temple.
« Le mur murant rend Paris murmurant. » Cet alexandrin de Beaumarchais rapporte l’impopularité du mur des Fermiers Généraux, à l’aube de la Révolution française. Construite à la demande du roi Louis XVI, cette enceinte de 6 lieues (24 km) composée de 54 bureaux d’octroi appelés barrières permettait à la Compagnie des Fermiers Généraux de percevoir un impôt sur les marchandises entrant dans la ville.
Le Mur de la honte est une expression utilisée dans les médias et chez les politiciens pour désigner le Mur de Berlin, cette frontière urbaine séparant Berlin-Est de Berlin-Ouest durant la Guerre froide entre l’URSS et l’Occident.
Le Mur d’Hadrien fut érigé sous le règle de l’empereur Hadrien pour marquer la limite du territoire romain en Grande-Bretagne.