Tour de magie

« La lecture a été quelque chose de magique pour moi. Il faut une vraie magie pour envisager un autre monde et essayer de le comprendre. Et une fois qu’on l’a compris, le changer. » (Gisèle Halimi, 1927-2020).

Magie vient du latin magia de même sens. Dès le 16e siècle, le mot s’impose en Europe, sous des formes identiques ou proches, dans les langues romanes et germaniques : l’allemand Magie, l’anglais magic, le danois, le norvégien et le suédois magi, le roumain et le néerlandais magie, le corse, l’italien, l’espagnol, le portugais et le polonais magia, le slovaque mágia, le bosniaque, le croate, le lithuanien, le serbe et le slovène magija, le letton maģija, le bulgare et le russe magiya, l’estonien maagia et le hongrois mágikus.

Il désigne l’art postulant la présence dans la nature de forces immanentes et surnaturelles qui peuvent être utilisées pour produire des effets qui semblent inexplicables au moyen de formules rituelles ou de pratiques symboliques : formule de magie, livre de magie ou grimoire, magie blanche, celle qui opère de façon occulte sur les forces et les esprits du bien et qui permet à l’homme d’utiliser leurs pouvoirs; magie noire, celle qui opère sur les forces et les esprits du mal, magie théurgique une pratique d’appel des puissances célestes qui œuvrent en correspondance pleine et entière avec les lois de l’univers.

Il s’utilise pour marquer l’étonnement en parlant d’un événement, de quelque chose de surprenant, d’inexplicable : comme de la magie, c’est de la magie. Particulièrement, l’art de l’illusionniste, du prestigiateur : tour de magie.

Au figuré, il s’applique à l’effet qui semble surnaturel, irrationnel, par la force, l’intensité des émotions, du plaisir, de la satisfaction qu’il procure, synonyme d’enchantement : « Je n’ose désirer particulièrement l’une des deux alternatives. Vous voir dans huit jours est une magie; vous attendre un mois a un charme. » (Stéphane Mallarmé, Correspondance, 1870). L’attrait provoqué par quelque chose de profondément ressenti sans toujours être raisonné, synonyme d’envoûtement : « Ce qui achevait le charme, c’était la magie de la voix, pure, chaude et veloutée: chaque mot sonnait comme un bel accord; autour des syllabes dansait, comme une odeur de thym ou de menthe sauvage, l’accent riant du midi, aux rythmes rebondissants. »  (Romain Rolland Jean-Christophe, La Révolte, 1907). Spécialement, en parlant de la création littéraire, picturale, musicale : magie de la poésie.

Le dérivé magique, « qui tient de la magie », « enchanteur, merveilleux », entre dans la formation de divers syntagmes : baguette magique, potion magique, anneau magique, lanterne magique, pensée magique. Il produit magicien, ienne, magiquement et l’élément formant magico- : magico-religieux, magico-physique, d’usage didactique.

 

Devoir

La magie est par définition l’art ou la science des mages. Quelle est l’origine de ce mot? Pour vous aider, pensez aux trois Rois mages.

  • Le latin.
  • Le grec.
  • Le persan.
  • Le sanskrit.

Réponse

Cadeau de Noël, toutes ces réponses sont bonnes. En latin, si l’étymon de magie est magia, celui de mage est magus. Mais le latin l’a emprunté au grec mágos, « sorcier, charlatan » et « prêtre chez les Perses », lequel reproduit le mot persan magu « prêtre », qu’on rapporte au sanskrit mahat « grand ». Mage se répand aussi dès le Moyen Âge avec le sens de « vénérable », celui des trois Rois mages venus offrir des cadeaux au petit Jésus dans sa crèche le jour de Noël.