« S’il y a un plat universel, ce n’est pas le hamburger mais bien la pizza, parce qu’elle se limite à une base commune – la pâte – sur laquelle chacun peut disposer, agencer et exprimer sa différence. » (Jacques Attali).
Le mot pâte est issu, au 12e siècle, du latin tardif pasta « farine détrempée et pétrie », lui-même emprunté au grec pasta « mets constitué à partir d’un mélange de céréales et de fromage ».
En français, il s’écrit d’abord paste. Au singulier, il décrit une préparation alimentaire plus ou moins consistante à base de farine délayée, additionnée ou non de levain et d’autres ingrédients divers – beurre, œufs, aromates – pétrie et destinée à la cuisson pour faire du pain, des gâteaux ou divers mets salés ou sucrés : pâte à pain, à pizza, à tarte, à beignets, à choux, à crêpes, à gaufres; pâte à frire; brisée, feuilletée, sablée; pâte crue, cuite, blanche, ferme, fine, légère, lourde. Au pluriel, sauf régionalement, il tend à l’emporter sur le germanisme nouilles. Il désigne de petits morceaux de pâte séchée à base de semoule de blé dur, de formes variées : pâtes fraîches, paquet de pâtes; pâtes au gratin, en timbale; pâtes boulangères, alsaciennes, torsadées; pâtes à potage. Les pâtes italiennes arborant plusieurs dominations spécifiques : macaroni, ravioli, spaghetti, tagliatelle, cannelloni, gnocchi, lasagne de l’italien lasagna.
Il qualifie des substances diverses, intermédiaires entre le solide et le liquide : pâte dentifrice, pâte à papier, pâte à modeler. En reprographie, une substance gélatineuse sur laquelle on reproduit un manuscrit écrit avec une encre spéciale : pâte à polycopier. Et, par extension, une matière molle, une masse informe : « On piétinait dans une pâte gluante, dont il fallait, à chaque pas, ressortir. Le pied glissait; la main s’agrippait aux parois: elle aussi s’enfonçait dans la boue. » (René Benjamin, Gaspard, 1915).
La formulation « mettre la main à » est utilisée depuis 13e siècle et explore divers thèmes : mettre la main au bon endroit « demander »; mettre la main au collet « arrêter »; mettre la main à l’héritage « tomber »; mettre la main au chapeau « être courtois »; mettre la main au panier « peloter ». De nos jours, l’expression mettre la main à la pâte signifie « apporter son aide dans une tâche pénible ou difficile. » Comme un coq en pâte, « bénéficier d’une vie confortable, être à l’abri du besoin et des soucis. » Vieillie, l’expression bonne pâte qualifie une personne débonnaire, accommodante, docile. Pâte molle décrit plutôt quelqu’un sans caractère et sans énergie, qui se laisse facilement influencer.
Certains dérivés sont usuels : pâté comme pâté de maison, « ensemble de maisons formant un bloc », pâtée, pâteux, empâter, empâtage, empâtement. D’autres, moins : pâton, « morceau de pâte pesé et mis en forme avant la cuisson du pain ou servant à l’engraissement des volailles; impastation, « matériau fait de substances broyées et mises en pâte », tel le stuc.
Devoir
Quel autre mot issu de pasta, le même étymon latin que pâte, désigne une boisson constituée d’un mélange d’alcool et d’essence d’anis qui se trouble et prend une teinte jaune laiteuse lorsqu’on l’additionne d’eau?
Pas _ _ _ .
Réponse
Pastis est un mot provençal de Marseille attesté depuis 1916. Il a d’abord signifié « méli-mélo, gâchis, tracas », puis la boisson spiritueuse aromatisée à l’anis par allusion à l’apparence trouble du mélange formé par l’eau versée sur l’alcool.