Pique-assiette

Rendez-vous, mardi matin, à la clinique externe de mon hôpital, celui où je travaille. Un test de sang qui requiert que je me fasse piquer dans le bras. Déception. L’Infirmière qui me pique d’habitude, tous les six mois, est absente. Cette femme est d’une telle délicatesse que je ne sens strictement rien quand elle enfonce l’aiguille dans la veine. La dernière fois, j’ai même pris la peine de la regarder faire. Je l’ai vue appuyer sur la seringue, tel le magicien qui enfonce des sabres au travers sa souriante et sexy partenaire couchée dans une boîte avant de la scier en deux. Pas la moindre douleur. Une petite rougeur en enlevant le pansement, c’est tout. Cette dame est une magicienne. Sa remplaçante aussi. Trois petites minutes et je m’en retournais gaiement chez moi plus léger de quelques millilitres de sang.

Si les maringoins du Québec m’aiguillonnaient avec autant d’adresse, je ne rechignerais pas trop à ce qu’ils s’abreuvent à mes dépens. Mais les maringouins, c’est bien connu, sont les plus soûlons des insectes piqueurs.

Il paraît que 99,9 % de toutes les espèces vivantes à avoir existé sur terre se sont éteintes. Et quand l’homme, ses églises et ses dieux à son image auront à leur tour disparu, je parierais qu’il ne restera plus sur la planète que des maringoins. Qu’ils subsisteront encore plusieurs siècles en puisant simplement dans leurs réserves de sang avant d’hiberner un long moment jusqu’à ce que d’autres espèces d’animaux à sang chaud naissent et se multiplient. Un pique-nique annoncé.

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