« Que la perle naisse d’une plaie prompte à se protéger, et que brille la nacre pour cacher la purulence, voilà l’angélique présent de la nature. » (Robert Mallet, Apostille ou l’amour et le futile, 1972).
Le mot plaie vient du latin plaga « coup » et, par métonymie, « blessure qui en résulte ».
Au 11e siècle, le français reprend le sens usuel de « blessure », spécialement « blessure ouverte », l’ouverture dans les chairs, dans les tissus par brûlure, coupure, déchirure, écorchure, morsure, contusion, taillade ou tout autre traumatisme : plaie béante, plaie infectée, plaie tuméfiée, panser une plaie, suturer une plaie. « Sous le menton, la blessure bâillait, affreuse, une entaille profonde qui avait couper le cou, une plaie labourée, comme si le couteau s’était retourné en fouillant. » (Émile Zola, La Bête humaine, 1890).
Au figuré, le mot décrit un défaut, une faute qui entache la personnalité mais surtout une cause, plus ou moins permanente, de souffrance morale, synonyme de peine, tourment : plaie ardente, plaie dévorante, plaie profonde, plaie au cœur, plaie de l’orgueil. Un état de déchéance, de malheurs ou de problèmes graves : plaie de l’esclavage, plaie de la misère, plaies d’Égypte, les dix fléaux dont Dieu frappa l’Égypte pour amener le pharaon à libérer les Israélites, selon la Bible. Par exagération, une situation ou une personne qui est une cause de désagrément. Quelle plaie! exprime l’agacement devant une situation fâcheuse ou une personne insupportable. Par analogie d’une blessure cicatrisée, plaie décrit une lésion sur la tige, le tronc d’un végétal.
Les locutions et proverbes, nombreux depuis le 16e siècle mais la plupart archaïques, illustrent ces diverses valeurs : Faire plaie, causer une souffrance morale. Plaie d’argent n’est pas mortelle, les problèmes financiers, matériels ne sont pas les plus graves. Ne rêver que plaies et bosses, chercher toutes les occasions de se battre, d’affronter des dangers physiques. Mettre le doigt sur la plaie, depuis le 19e siècle, découvrir la cause précise d’une souffrance morale ou d’un état de fait pénible, avec une métaphore voisine de là où le bât blesse. Remuer (retourner) le couteau (le fer) dans la plaie, trouver la cause du mal. Débander l’arc ne guérit pas la plaie, il ne suffit pas pour réparer ou pour guérir le mal qu’on a fait, de renoncer au moyen d’en faire. Mettre du baume sur une plaie, apaiser une souffrance morale. Panser les plaies (de quelqu’un), soulager sa peine. Rouvrir les plaies, rappeler, faire revivre une douleur passée et à demi oubliée, par exemple une déception amoureuse.
Devoir
La locution mettre le doigt sur la plaie correspond à « déceler le point douloureux, trouver la cause d’un problème. » Quelle expression au Québec signifie la même chose?
Mettre le doigt sur le b _ _ _ .
Réponse
Mettre le doigt sur le bobo. Par ailleurs l’expression familière becquer bobo signifie « embrasser légèrement la blessure d’un enfant pour le calmer ».