« Le jour où l’homme cessera d’être un loup pour l’homme, il n’y aura plus de famine, de taudis ni de guerre, plus d’enfants sans amour, de vieillards sans foyer, tous ceux qui vivront auront le droit de vivre. » (Raoul Follereau, 1903-1977).
Loup est un mot fondamental de l’indoeuropéen, vocabulaire reconstruit considéré comme l’origine unique des langues indo-européennes actuelles. La racine wĺ̥kʷos formera l’anglais wolf, le néerlandais wolf, l’allemand Wolf, le polonais wilk, le slovène wolk. La racine lukʷos formera le latin lupus, étymon duquel dérivent l’espagnol lobo, l’italien lupo, le maltais lupu, le roumain lup, le français loup qui adopte d’abord, au 11e siècle, les variantes lu, lou, leu. Cette dernière forme disparaît au 16e siècle mais se maintient dans l’expression à la queue leu leu, en file indienne, l’un derrière l’autre, comme des loups en marche, et dans les noms de lieux : Saint-Leu, ville balnéaire de l’île de La Réunion.
Le mot désigne le mammifère carnassier de la famille des Canidés dont l’espèce commune se caractérise par un pelage généralement jaunâtre, mêlé de noir, un museau effilé, des oreilles droites, des yeux jaunes et une queue touffue : bande de loups. Sa fourrure : veste en loup blanc. Il s’applique à d’autres carnassiers qui lui ressemblent : loup de prairies ou coyote, loup doré ou chacal, loup tacheté ou lycaon.
Par métaphore, il décrit une personne qui évoque l’animal par son aspect extérieur, son comportement : jeune loup, politicien, homme d’affaires jeune et ambitieux, loup de mer, vieux marin expérimenté et bourru. Accompagné d’un possessif, il forme un appellatif affectueux : mon gros loup.
Par analogie, il adopte des sens très variés. Un masque couvrant le pourtour des yeux : loup de satin. Une constellation astrale. Une activité ludique où un joueur, désigné comme le loup, doit toucher un autre participant qui prendra alors ce rôle. Un filet de pêche maintenu par trois perches en angle. Une lésion cutanée ulcéreuse. Une masse minérale mal fondue qui risque de provoquer une obstruction. Une pince pour arracher les clous. Un appareil à grosses dents métalliques servant à battre et à briser la laine : loup à carder. Un poisson vorace ou bar commun. Le phoque du Groenland ou loup marin.
Dès le 13e siècle, il entre dans la construction d’expressions liées aux croyances populaires, faisant souvent allusion à la cruauté et à la voracité de l’animal : le grand méchant loup, personnage de contes pour enfants qui mange tout rond le Petit Chaperon rouge, sa grand-mère et la chèvre de monsieur Séguin; entre chien et loup, le moment de la journée, à l’aube ou au crépuscule, où l’obscurité empêche de distinguer les êtres et les animaux, un chien d’un loup, deux canidés qui se ressemblent, l’un étant l’ami et l’autre l’ennemi de l’homme; faim de loup, à pas de loup, en se déplaçant sans bruit; se jeter dans la gueule du loup, se mettre volontairement en danger ou dans une situation difficile; qui parle du loup en voit la queue, se dit lorsqu’une personne survient alors qu’on parle d’elle; crier au loup, avertir d’un danger inexistant ou dont on a exagéré l’importance avec pour conséquence le risque de ne pas être écouté en cas de vrai danger; hurler avec les loups, s’accommoder aux manières, aux mœurs, aux opinions de ceux avec qui l’on vit.
La totalité des dérivés, sauf loupiot « enfant », procèdent morphologiquement du féminin louve : louvet, robe d’un cheval mélangée de poils jaunes et noirs rappelant le poil du loup, louveteau, louveterie, chasse aux loups et aux grands animaux nuisibles, son officier, le louvetier; louvat, jeune loup; louveter, mettre bas en parlant d’une louve; louvetage, préparation donnée à la laine au moyen de la machine appelée loup, louveteur, louveteuse, les ouvriers chargés de l’ouvraison et du battage des fibres. Rare, allouvi ou alouvi, décrit une personne animée d’une faim de loup et, au figuré, d’une passion dévorante. Le nom propre Louvre signifie à l’origine « lieu où il y a des loups »; de nos jours, « lieu accueillant de nombreux visiteurs » : Musée du Louvre. Les composés comprennent chien-loup, cul-de-loup « endroit retiré », loup-cervier, « lynx européen » et « homme féroce, financier rapace », loup-garou, personnage légendaire qui se transforme en loup les nuits de pleine lune, pet-de-loup, « vieux professeur ridicule », saut-de-loup « large fossé », tête-de-loup, balai à long manche dont l’extrémité est formée d’une brosse ronde et qui sert à nettoyer les plafonds.
Devoir
Louve vient du latin lupa dont la valeur figurée évoque l’idée de femme débauchée, de mœurs libres et dépravées, sens qui a précédé celui de « femelle du loup ». Quel mot vieilli ou littéraire issu du même étymon évoque une maison de débauche?
Lup _ _ _ _ .
Réponse
Lupanar. Le mot est attesté depuis le 16e siècle pour désigner une maison de prostitution par François Rabelais, écrivain français, humaniste, libre penseur, bon vivant, sachant manier la parodie et la satire et en faveur de la tolérance et de la paix.