« Pour remonter à la source, il faut nager à contre-courant. » (Stanislaw Jerzy Lec, 1909-1966).
Source s’écrit d’abord sorse et surse au 12e siècle; substantivé d’après l’ancien participe passé sors ou sours du verbe sourdre de même sens que son étymon latin surgere « surgir ». Le latin classique fons, fontis fournira quant à lui fontaine.
Le mot décrit dès le départ l’eau qui « sourd » du sol et, par métonymie, le lieu où cette eau jaillit : source claire, source fraîche, eau de source, source minérale, dont l’eau contient des sels minéraux en proportion importante utilisée à des fins thérapeutiques et installation permettant de distribuer cette eau; source thermale, dont l’eau a une température supérieure à la moyenne du milieu environnant et contient des éléments curatifs; sources du Nil, détourner une source comme dans le film Manon des sources (1986), adaptation du roman de Marcel Pagnol publié en 1952. La locution couler de source indique que quelque chose se produit de manière naturelle, aisée, spontanée.
Dès la fin du 12e siècle, le mot s’emploie par métaphore pour « origine » qu’il s’agisse d’un élément concret ou abstrait : source de bruit, source de vent, source de gaz hydrogène, retenue à la source, système de recouvrement fiscal consistant à prélever l’impôt au moment même où le revenu est distribué; source de lumière, source de chaleur, source d’énergie fossile ou renouvelable, source radioactive; source d’émerveillement, source d’inspiration, source de bonheur, source de conflits, source de tous les maux, expression idiomatique qui désigne la cause ou l’origine d’un grand nombre de difficultés ou de problèmes; source d’information (s), source sûre, sources documentaires, textes originaux; documents, ouvrages auxquels un auteur ou un chroniqueur linguistique un brin nostalgique d’avoir perdu une amie chère va se référer; sources du droit, ensemble des règles juridiques sur lesquelles s’appuient les juges. En théologie, l’expression sources de la grâce décrit les sacrements. En informatique, code source désigne l’ensemble des instructions écrites par le programmeur dans un langage non exécutable avant sa traduction en langage machine.
Les autres dérivés sont sourcer, sourcier, sourcière, resource, sorti d’usage du fait de l’homonymie avec ressource, ressourcement, se ressourcer, sourceur, sourcellerie, art divinatoire qui consiste à utiliser une baguette ou un pendule pour localiser des sources d’eau souterraines, sourceur, sourcelette, « petite source d’eau », sourceux, caractérisé par la présence de nombreuses sources d’eau, généralement associé à des terrains humides.
Devoir
Quel est ce verbe qui, au 18e siècle, signifiait « jaillir à la surface du sol en formant une source » mais qui, de nos jours, revêt plutôt le sens de « manifester par un mouvement du regard, sa perplexité ou son mécontentement? »
Sou _ _ _ _ _ _ _ .
Réponse
Sourciller. Au 18e siècle, le verbe a produit sourcillement « émergence » en parlant d’une eau de source. L’étymon latin supercilium forme l’homonyme sourciller « remuer les sourcils en signe d’émotion. »