Trou de mémoire

Trou vient du latin populaire traucum par le latin médiéval traugum. Mais il est sans doute d’origine préromaine, soit des peuples celtes qui occupaient la Gaule avant Astérix et Obélix; trau, de même sens, figurant dans l’ancien provençal.

Dès les premières attestations au 12e siècle, le mot désigne une ouverture au travers d’une surface ou d’un corps solide : trou d’aiguille, trou de serrure.

Il développe rapidement de nombreuses acceptions. L’abaissement ou l’enfoncement de tout élément qui présente un vide : chaussée pleine de trous, trou d’eau, trou d’air, « brusque dépression », trou d’obus, au golf, un parcours de dix-huit trous. Une cavité naturelle ou creusée : trous du nez, trou de souris. Un endroit retiré à l’écart de la civilisation moderne : trou perdu. Une prison : aller au trou. Un oubli partiel et momentané : trou de mémoire. En astronomie, l’espace d’un champ gravitationnel si intense qu’aucun rayonnement ne peut en sortir : trou noir. Un élément manquant dans un ensemble du fait de l’usure, d’un défaut : trou de chaussette. Un moment d’interruption dans une action, de silence dans une conversation, de temps libre entre deux périodes d’occupation.

Il entre dans la formation du composé trou du cul « anus », qui s’emploie péjorativement à propos d’un imbécile, formule parfois abrégée en trouduc. En français québécois, trou de beigne désigne une petite pâtisserie en forme de boule. Et en urbanisme, l’exode de la population de la ville-centre vers ses banlieues : effet trou de beigne.

Au figuré, la locution boire comme un trou signifie boire de façon excessive. Faire son trou, se faire une place dans la société. Ne pas avoir inventé le bouton à quatre trous, être naïf. Ne pas avoir les yeux en face des trous, avoir de la difficulté à voir en raison de la fatigue, de l’ivresse. Prendre son trou, se taire, se replier à la suite d’un reproche, d’une menace. Péter plus haut que le trou, être prétentieux. Regarder par le trou de la serrure représentant l’image convenue de l’indiscrétion.

 

Devoir

Quel mot composé formé avec trou désigne une personne à qui l’on ne fait appel que pour se tirer d’embarras, qui n’a d’autre utilité que de combler une place de figurant?

B _ _ _ _ _ -trou

Réponse

Bouche-trou. Au 17e siècle, le mot désigne d’abord le dernier enfant d’une femme. Au siècle suivant, il décrit un élément pictural pour masquer un vide de la composition; au théâtre, il se dit en parlant d’une pièce médiocre et d’un acteur de second ordre. Ce n’est qu’au 19e siècle qu’il se répand dans l’usage général en parlant d’une personne ou d’une chose inutile.