Abracadabra

Abracadabra est un mot monosémique aux origines cabalistiques. Il désigne une formule magique pour guérir les maladies. Présent dans la tradition grecque et attesté en latin tardif dès le 3e siècle, le mot est une altération de l’hébreu arba dak arba.

En boustrophédon, une écriture primitive utilisée par les Grecs et en Asie mineure dont les lignes vont sans interruption de gauche à droite puis de droite à gauche, la formule hébraïque signifie littéralement « Que le quatre anéantisse le quatre », c’est-à-dire que Dieu – quatre étant un cryptogramme représentant le Tout-Puissant ‑, maîtrise, en anéantissant, les quatre éléments.

La symbolique des nombres de cette formule, disposée en triangle, et son explication conforme aux coutumes de la gnose, révèle sa vertu de protection contre les maladies.

Le dérivé abracadabrant signifie « étrangement compliqué, très bizarre, éloigné de la raison », comme peut l’être une formule magique.

Abracadabrance, plus rare, est le caractère de ce qui est abracadabrant. L’adjectif abracadabresque, lancé par Théophile Gautier, n’a pas survécu, mais sa variante abracadabrantesque, « extravagant », a été immortalisée dans les vers de Rimbaud.

Ô flots abracadabrantesques
Prenez mon cœur, qu’il soit lavé!
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs quolibets l’ont dépravé!
Rimbaud, Poésies, « Le Cœur volé », 1871, p. 100.

 

Devoir

La formule magique symbolise le pouvoir des mots qui, dans les civilisations primitives, étaient chargés d’une puissance d’évocation des forces mystérieuses de la nature. Ambivalente, elle peut apporter bonheur et richesse à celui qui l’utilise à bon escient mais malheur, voire mort, à celui qui l’utilise mal. Dans la tradition populaire juive, quel est le nom de cet être artificiel à forme humaine que l’on dote momentanément de vie en fixant sur son front le texte d’un verset biblique?

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Réponse

Un golem qui, en hébreu, désigne une masse informe. Le mythe du golem surgit en Europe centrale à la fin du 16e siècle. Loew, grand rabbin de Prague et alchimiste, construisit, pour déjouer les menaces que le pouvoir faisait peser sur sa communauté, un colosse d’argile animé par une formule magique tirée de la Bible. Il imitait en cela Dieu tirant Adam de l’argile, ce sacrilège expliquant que la créature finit par semer la mort autour d’elle.

 

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