Le mot coin vient du latin cuneus, « triangle rentrant », « objet servant à fendre le bois ou à serrer des assemblages ».
En français, il conserve ce sens d’outil en fer ou en bois très dur de forme prismatique triangulaire pour fendre les matériaux et serrer les objets : coin du bûcheron, enfoncer un coin, par métaphore, « séparer »; et celui copié sur le latin médiéval d’empreinte gravée en creux servant à frapper les pièces et les médailles : monnaie à fleur de coin.
Il désigne un angle rentrant ou saillant formé par l’intersection de deux lignes ou de deux plans : coin d’une table, coin d’une feuille. Sens qui déborde à celui d’espace clos : quatre coins d’une pièce; l’accent pouvant être mis sur l’intimité ou l’étroitesse du lieu : coin du feu. Puis, l’endroit où deux rues se coupent : coin de la rue, une place proche : marchand du coin.
Une petite surface : coin repas, coin de terre, coin de ciel bleu. Un endroit retiré, peu exposé à la vue ou peu fréquenté : rester dans son coin. Un emplacement réservé à des objets, à une activité, à une utilisation spécifique: coin des livres, coin à balai, coin de jardin, le petit coin, les cabinets. Jusqu’aux parties du visage humain : coin de la bouche, regard en coin, de côté, sourire en coin, imperceptible, railleur.
Le dérivé coincer se répand avec l’idée d’empêcher (quelqu’un) de bouger, puis de l’embarrasser. Son substantif d’action coincement désigne un processus de blocage dans une pièce mécanique. En revanche, décoincer, décoincement et décoinçage prennent la valeur psychologique d’« enlever à quelqu’un son inhibition. » Encoigner « pousser dans un coin », supplanté par son intensif rencoigner, sont tombés en désuétude mais encoignure « angle intérieur formé par deux pans de mur », s’est maintenu. En architecture, le terme écoinçon désigne une pièce de maçonnerie ou de menuiserie placée dans un angle créé par deux murs.
Devoir
Quel mot, dérivé de coin, désigne un gros morceau de pain comprenant une bonne part de croûte?
Q _ _ _ _ on
Réponse
Quignon est l’altération, au 14e siècle, de coignon, dérivé de coin, au sens de « morceau de pain en forme de coin ».