« Grève dans l’usine de la pilule Viagra. Le mouvement pourrait se durcir. » (Laurent Ruquier)
Le mot pilule, écrit d’abord pillule au 14e siècle, vient du latin impérial pilula, « petit corps rond, boulette, pelote »; aussi représenté sous une forme réduite par l’allemand Pille, l’anglais pill et le néerlandais pil.
Il est introduit par les médecins pour désigner un médicament se présentant sous forme de petite boule ou de petite pastille, destiné à être avalé, généralement désigné par son appellation commerciale : Aspirine, Tylenol, Viagra. En particulier, pilule contraceptive ou pilule, un contraceptif oral dont l’emploi est devenu courant vers 1970 et symbole de la liberté de procréer pour les femmes; pilule abortive ou pilule du lendemain, un anticonceptionnel hormonal qui évite l’ovulation ou la nidification d’un œuf fécondé; pilule pour homme, rendant les spermatozoïdes infertiles pour une courte période, qui serait, selon les recherches les plus récentes, efficace à 100 %… sur les souris.
Par référence au désagrément qui accompagne souvent cette ingestion, les pilules qu’administraient les premiers apothicaires étant formées de substances au très mauvais goût, il reçoit à l’époque classique le sens figuré de « chose désagréable dont il faut s’accommoder » : dorer la pilule « donner une apparence agréable à ce qui ne l’est pas », avaler la pilule « endurer un déplaisir ou subir un affront sans protestation » et, au 20e siècle, « croire à un mensonge. »
Le mot désigne aussi les boules de matières fécales que fabriquent certains insectes, comme le scarabée sacré, et dans lesquelles ils enferment leurs œufs.
Le dérivé pilulier est un appareil destiné à obtenir des pilules identiques en poids et de forme sphérique, puis, au 19e siècle, une petite boîte à pilules. Pilulaire, comme adjectif, a le sens de « propre aux pilules » et comme substantif, d’« instrument servant à administrer des pilules aux animaux. » Les composés minipilule et micropilule sont des contraceptifs dont le dosage est minimisé.
Devoir
La locution dorer la pilule a évoqué, au fil des siècles, l’illusion, le mensonge, l’apparence et la mystification. Comme d’autres. Associez les expressions suivantes à chacun de ces quatre thèmes.
Demain, on rase gratis. | |
Faire accroire que vessies sont lanternes. | |
L’habit ne fait pas le moine. | |
Voir vaches noires en bois brûlé. |
Réponse
Demain, on rase gratis. | Mystification |
Faire accroire que vessies sont lanternes. | Mensonge |
L’habit ne fait pas le moine. | Apparence |
Voir vaches noires en bois brûlé. | Illusion |
Demain, on rase gratis, « faire des promesses que l’on ne tient pas. » Cette expression des années 1920 viendrait d’un barbier qui aurait mis à l’entrée de son échoppe une pancarte proclamant : “Demain on rase gratis”. Mais notre artisan l’y laissait tous les jours. Et quand les clients, qui avaient vu la pancarte la veille, s’étonnaient, le lendemain, de devoir quand même payer leur rasage, le barbier leur répondait : « Il y a d’écrit que c’est gratis demain! »
Faire accroire que vessies sont lanternes. Au 17e siècle, « donner des choses à entendre qui n’ont aucune apparence de vérité. »
L’habit de fait pas le moine. Au 17e siècle, « éviter de juger les personnes par rapport à leur apparence qui est souvent trompeuse. »
Voir vaches noires en bois brûlé. Au 17e siècle, « se forger d’agréables chimères. »