État d’esprit

« Un homme d’État est celui qui pense aux générations futures, et un homme politique est celui qui pense aux prochaines élections. » (Abraham Lincoln, 1809-1865).

État vient du latin classique status, « action de se tenir » et « position, situation », du verbe stare qui se rattache à la racine indoeuropéenne sta- « être debout »; l’indoeuropéen étant une langue disparue de la période de 4500 à 2500 ans av. J.‑C. considérée comme l’origine unique des langues indoeuropéennes modernes. En français, le mot est d’abord orthographié estate puis estat au 14siècle avant d’adopter sa graphie actuelle au 17siècle.

Il désigne une manière d’être stable ou sujette à des variations. D’une personne, son état physique psychique ou affectif : état général, état de fatigue, état nerveux, état second, « trouble temporaire au cours duquel le sujet se livre à des actes, parfois antisociaux, sans rapport ou en opposition avec sa personnalité », qui s’exprime dans la locution ne pas être dans son état normal, état d’ébriété, état de sérénité, état d’âme, état de conscience, état d’esprit, spécialement, en théologie, état de grâce, état de péché, état de dépendance, état de mendicité, état d’arrestation.

D’une chose, d’une action, d’une condition : état de délabrement, état de conservation, état des routes, hors d’état (de fonctionner), « hors d’usage », état des choses, « situation dans son ensemble, à un moment donné », état de fait, état de guerre, état de siège, état de paix, état d’urgence, état des connaissances, en linguistique, état de langue, « moment déterminé dans l’évolution d’une langue », en science physique, états de la matière, solide, liquide, gazeux.

Spécifiquement, le mot décrit la situation des personnes vivant en société sur le plan individuel, social et politique : état civil, devoir d’état, état de maison, « train de vie luxueux d’une famille qui a de nombreux domestiques et qui reçoit beaucoup », une profession exercée, horloger de son état, état ecclésiastique; la forme particulière d’un gouvernement : état monarchique, état dictatorial, état démocratique; avec une majuscule, une autorité politique souveraine considérée comme une personne juridique et morale : État français,. États-Unis d’Amérique, police d’État, religion d’État, raison d’État, secret d’État, chef d’État, affaire d’État, coup d’État; en droit international du point de vue des modalités des relations entre gouvernements souverains : États membres (de l’ONU), États signataires (de la Déclaration universelle des droits de l’homme), trop souvent bafouée.

Les dérivés et composés sont étatisme, étatiste, étatiser, étatifier, étatisation, étatique, état-major.

 

Devoir

L’indoeuropéen commun, reconstitué en partie par des spécialistes, était parlé de 4500 à 2500 ans av. J.‑C. Ses racines servent encore de base lexicale aux langues modernes. Trouvez à quel mot, en français, en anglais ou en d’autres langues mais traduit en français, les étymons suivants vous font penser. Pour vous aider, songez à des termes usuels dans la confrérie des humains il y a 6000 ans!

Indoeuropéen Mot moderne
Bbʰréhter Fr _ _ _
Dʰughtēr Fi _ _ _
Méhtēr M _ _ _
Phtér P _ _ _
Sóhwl̥ So _ _ _ _
Suhnús F _ _ _
Swésōr So _ _ _
Wĺ̥kʷos L _ _ _

Réponse

 

Indoeuropéen Mot moderne
Bbʰréh₂ter Frère
Dʰughtēr Fille
Méhtēr Mère
Phtér Père
Sóhwl̥ Soleil
Suhnús Fils
Swésōr Sœur
Wĺ̥kʷos Loup

Bbʰréhter « frère » a produit l’anglais brother et le tchèque bratr.

Dʰughtēr « fille » a produit l’anglais daughter, le lithuanien dukte et le biélorusse datchka.

Méhtēr  « mère » a formé le breton mamm, l’arménien mayr, le roumain mamă , l’italien madre et l’islandais móðir.

Phtér « père » a formé le latin pater, le persan pedar, l’espagnol padre, l’allemand Vater et le danois fader.

Sóhwl̥ « soleil » a formé le néerlandais zon, le letton saule et le slovène sonce.

Suhnús « fils », a formé le norvégien sønn et le slovaque syn.

Swésōr « sœur » a formé le bulgare sestra.

Wĺ̥kʷos « loup » a formé l’anglais wolf, le russe volk et le serbe vuk.