Titre d’un téléroman diffusé en 1998 que je n’ai jamais regardé. Mais tiré, ce que j’ignorais, d’un roman édité 10 ans plus tôt, écrit, très bien, par Noël Audet. Une brique de 640 pages. Mon plus gros livre depuis Shogun, 976 pages et Dune, 746 pages. Je compte pas La Bible…
C’est l’histoire, comprends-tu, de Pauline Leblanc, une Gaspésienne un peu sorcière sur les bords; c’est parce qu’elle est très perspicace, par rapport aux hommes en particulier, et de sa famille sur quatre générations dans son petit village appelé Anse-aux-Corbeaux. En voici des petits bouts pour vous mettre l’eau à la bouche.
(Au printemps, au moment où tout le village enterre ceux qui sont morts durant le long hiver et conservés au frette dans un charnier)
Quoiqu’il en soit, l’inhumation collective des morts constituait une véritable fête, quelque chose comme le geste de semer, de mettre en terre pour que l’avenir pousse.
(Quand les petits pêcheurs se plaignent que la mer est moins poissonneuse qu’avant, rapport aux gros bateaux qui leur piquent presque tout le poisson)
S’il faut changer de mer pour survivre, on a pas fini de ramer.
(Quand Daniel, l’un des prétendants éconduits de Catherine, la fille de Pauline, l’héroïne, rumine et quitte la cuisine; avez-vous vu, ça rime?)
Il démêla ses membres de ceux de la chaise et sortit sans dire un mot.
(Quand Catherine se confie au docteur Rancourt; elle ignore encore que c’est lui son père et pas Noum, le mari de Pauline. Elle a donc été conçue dans le péché mais on s’en fout, ça change rien à l’histoire)
C’est un peu comme l’amour, dit Catherine. C’est dans le plus beau moment, quand on est au sommet du bonheur qu’on se sent en même temps le plus fragile.
(Quand Martin, l’arrière-petit-fils de Pauline constate qu’elle a pris un coup de vieux)
Martin se sentait gêné, il constatait que Pauline avait vieilli tout d’un coup, comme si elle s’était retenue pendant des années.
Un beau livre. De la trempe de Pieds nus dans l’aube de Félix Leclerc.