Le racisme systémique est un racisme érigé en système. Par l’État. Un racisme gouvernemental qui altère fondamentalement les droits de certaines communautés, qu’il s’agisse, par exemple, de l’accès à l’éducation et au logement, des interpellations policières ou de l’égalité des chances sur le marché du travail.
Dans l’Antiquité, l’Empire romain, à son zénith, se présentait comme un régime discriminatoire puisque 40 % de sa population était formée d’esclaves. Sur lesquels leurs propriétaires avaient droit de vie et de mort. L’esclavage systémique aux États-Unis est une institution qui remonte à l’installation des premiers colons britanniques en 1619 et se « conclut » par l’adoption du XIIIe amendement de la Constitution américaine au terme de la guerre de Sécession en 1865, 246 ans plus tard. L’apartheid en Afrique du Sud est un régime de ségrégation systémique des Blancs vis-à-vis des Noirs qui a perduré de 1948 à 1991.
Le racisme pratiqué dans la quotidienneté de la vie, composé de brimades, d’insultes et de moqueries persistantes, c’est autre chose. Il s’agit d’un racisme ou de discrimination empreints de préjugés et de stéréotypes d’individus ou de groupes malveillants envers les membres de certaines communautés. Mal vus en vertu de leur race, de leur couleur de peau et de leur origine ethnique, bien sûr, mais aussi de leur sexe, les femmes surtout, de leur orientation sexuelle, du fait de s’identifier comme trans, de leur religion, de leur âge, les jeunes et les petits vieux en particulier, de leurs convictions politiques, de leur langue, de leur condition sociale, de leur état civil, de leur handicap et de leur apparence.
Dans 26 pays d’Afrique subsaharienne, ce sont les albinos qui sont victimes d’agressions, de persécutions et de meurtres qui se comptent par centaines. Car ils sont pris pour des « fantômes », des êtres magiques ou des esprits, simplement en raison de la pigmentation de leur peau. Boucs émissaires pour la pandémie. Enlevés et tués de sang-froid ou exhumés par superstition, leurs corps mutilés servent à préparer des potions dans des rituels de sorcellerie qui apporteront chance, richesse ou succès politique à leurs instigateurs. Un corps « complet et frais » d’albinos se vend jusqu’à 100 000 $ canadiens. On ne parle pas ici du corps d’un enfant, plus petit, qui vaut moins. Par comparaison, la corne d’un rhinocéros, pourtant composée de kératine, comme les ongles, rapporte 240 000 $ CAN et les défenses en ivoire d’un éléphant de belle taille, 300 000 $ CAN.
Bref, pour l’instant, les trafiquants s’intéressent davantage aux rhinocéros et aux éléphants. Tant mieux pour les albinos qui les côtoient. Mais qu’arrivera-t-il lorsque ces animaux auront été exterminés?