Modèle de vertu

Au 11e siècle, le mot vertud, puis vertu, se forme sur virtutem, accusatif du latin classique virtus « courage, énergie morale ».

Virtus dérivant de vir « homme » comme dans viril, son emploi évoque d’abord les valeurs considérées masculines de « vaillance » et de « force physique », propres au combat : vertu militaire.

Puis, la disposition constante à pratiquer le bien, à accomplir son devoir, à se conformer à un idéal : triomphe de la vertu, apparence de vertu. L’aptitude à accomplir des actes moraux par un effort de volonté, qualité portée à un degré supérieur par la religion : vertu de miséricorde, vertus chrétiennes, vertus théologales, la charité, l’espérance et la foi. Une propriété active : vertu médicale, vertu des plantes. Un principe considéré comme la cause des effets qu’il produit : vertu du dialogue.

Le mot s’applique particulièrement à une femme qui constitue un modèle de chasteté, de fidélité amoureuse : prix de vertu, dragon de vertu, du temps de Molière, une femme qui protégeait farouchement sa virginité. Par opposition à une femme de mœurs légères ou de prostituée qualifiée, au 17e siècle, de femme de moyenne vertu; statut déclinant à femme de petite vertu au cours des siècles suivants.

La locution prépositive en vertu de signifie « par le pouvoir de », « en conséquence. » Les dérivés vertueux et vertueusement sont d’usage courant. Mais les jurons vertubleu et vertudieu, marquant l’étonnement ou l’indignation, sont tombés en désuétude.

 

Devoir

Quel verbe pronominal issu par préfixation de virtus, le même étymon latin que vertu, signifie « se donner de la peine, faire des efforts »?

S’é _ _ _ _ _ er

Réponse

S’évertuer. Le verbe n’a plus de rapport ressenti avec vertu. À noter que virtuose et virtuel ont aussi été formés sur virtus.