« La commodité de ces canots est grande dans ces rivières qui sont toutes pleines de cataractes ou cheutes d’eau et de rapides par lesquels il est impossible de passer aucun bateau, auxquels, quand on est arrivé, on charge canot et bagage sur les espaules, et on va par terre jusques à ce que la navigation soit belle; et pour lors on remet son canot à l’eau et on se rembarque. » (Récit [en Nouvelle-France] du Sulpicien René de Bréhant Galinée (1645-1678).
Qui de mieux qu’un Sulpicien ou un Jésuite pour parler du canot, qui, durant quatre siècles, y ont usé le fond de leur soutane, y ont ramé, dormi et chaviré pour évangéliser les populations amérindiennes de Nouvelle-France. Avant de mourir, pour la plupart, suppliciés et dévorés par les maringouins. Le mot vient de l’arawak kanoa, langue indigène parlée aux Bahamas mais aussi dans les autres îles des Antilles jusqu’à l’actuelle Floride. Il désigne une embarcation légère propulsée à la pagaie. L’espagnol, à l’arrivée de Christophe Colomb en terre d’Amérique en 1492, l’emprunte à ce premier peuple que l’explorateur rencontre sous la forme canoa. Le français adopte plutôt la forme canoe, attestée en 1519, qui fera l’objet d’une réfection graphique en 1599, le suffixe / – ot/ remplaçant l’inhabituelle finale /oe/.
En français standard, le mot désigne d’abord une petite embarcation amérindienne faite, le plus souvent, d’un tronc d’arbre creusé, synonyme de pirogue. Acception qui se maintient au Canada français, canot d’écorce et ses imitations, mais vieillie en France, en Belgique et en Suisse où le mot décrit, depuis le 18e siècle, un petit bateau à rames, à voile ou à moteur mis au service d’un navire, ou utilisé pour la pêche, pour la promenade : canot de plaisance, canot de sauvetage, insubmersible, destiné au sauvetage des passagers des navires ou embarcations en détresse, canot pneumatique, en toile imperméable et gonflé à l’air comprimé. Le mot, dans l’usage des marins, notamment en Bretagne, est souvent féminin, se prononçant avec le /t/ sonore.
Le doublet étymologique canoë provient d’un emprunt plus tardif à l’anglais canoe. Il désigne une embarcation légère et portative, pontée ou non, mue à la pagaie simple. Et un nouveau sport de manœuvre, de navigation : canoë-kayak, kayak étant issu de l’inuktitut qajaq.
Le verbe canoter signifie « manœuvrer un canot », « se promener en canot. » Canoteur/euse, une personne qui fait du canot. En Nouvelle-France, Il désignait toute personne, coureur des bois, voyageur, passeur de courrier de marchandises et de passagers, qui se déplaçait en canot. Dans le Québec moderne, il décrit le participant à une compétition de canot avec portage. Canotage est l’activité qui consiste à se déplacer en canot. Canotier désigne le marin à bord d’un canot, puis l’amateur d’un canot de plaisance, un « rameur du dimanche. » Par métonymie, il décrit un chapeau de paille rigide, à fond et à bords plats, comme chez certains canots apparentés aux barques, porté par les élégants au début du 20e siècle et rendu célèbre par Maurice Chevalier (1888-1972).
Devoir
Complétez l’expression canadienne française sortie d’usage « Faire dix milles en canot pour aller chercher un s _ _ _ _ _ d’e_ _ . »
Réponse
« Faire dix milles en canot pour aller chercher un scieau d’eau. » L’expression signifie « aller chercher ailleurs ce qu’on a sous les yeux. »