Rien à branler

Branler est issu, par contraction, du verbe brandeler qui, au 11e siècle, signifiait « vaciller, osciller ». Il partage le même radical bran- que brandir dans un contexte guerrier, son sens premier étant « secouer, agiter une arme. »

Il prend la valeur plus générale d’« agiter, remuer en balançant »: branler la tête. Au 16e siècle, une réalisation particulière de ce sens correspond, dans la langue vulgaire, à « masturber », acception devenue usuelle aussi à la forme pronominale: se branler.

Au figuré, branler signifie « manquer de stabilité, de solidité »: branler dans le manche, « bouger » en parlant d’une personne; « varier » en parlant d’une opinion. S’en branler signifie « rester indifférent, s’en moquer », développement analogue à s’en foutre.

Le déverbal branle évoque le balancement, l’agitation: mettre en branle, « donner l’impulsion initiale ». Ébranler exprime l’idée de « faire chanceler ». La forme pronominale s’ébranler revêt la valeur de « se mettre en mouvement ». Branlant, ébranlé, ébranlement, ébranlable, inébranlable, inébranlablement, inébranlabilité constituent d’autres dérivés. Sous l’influence du marquis de Sade et des autres libertins du 19e siècle, plusieurs dérivés réalisent des emplois propres à la masturbation: branleur, qui a aussi développé le sens de « personne qui ne fait rien », « paresseux », « fantaisiste », branleuse, branlette, branlade, branlée, branlage, branlocher.

Au Québec, branler signifie « hésiter » et « vaciller, bouger » en parlant d’une chose: une dent qui branle. Un branleux est une personne qui n’arrive pas à se décider.

 

Devoir

Quelle expression formée sur le verbe branler désigne l’ensemble des dispositions prises rapidement sur un navire de guerre pour qu’il soit prêt avant un engagement?

Br _ _ _ _- b_ _ de c _ _ _ at

Réponse

Branle-bas de combat.

Au 17e siècle, on nomme branles les hamacs de toile suspendus au plafond des entreponts où dormaient les matelots car ils se balançaient au rythme des mouvements du navire. Chaque jour, les marins recevaient l’ordre bas les branles ou branle-bas; ils devaient alors décrocher et plier les hamacs avant de vaquer à leurs occupations courantes. Quand le navire était attaqué, ces matelots devaient réagir au cri de branle-bas de combat, en déplaçant rapidement les hamacs. L’expression devient l’ensemble des dispositions prises sur un navire de guerre avant un engagement. Au 19e siècle, elle est ensuite passée dans la langue courante pour évoquer l’agitation, souvent désordonnée, que déclenche une urgence.

 

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