Sérum de vérité

« Un mensonge peut faire le tour de la terre le temps que la vérité mette ses souliers » (Mark Twain, 1835-1910)).

Vérité vient du latin veritas, veritatis, « la vérité », « les règles » « la droiture », dérivé de verus « vrai ». Les graphies anciennes veritiet, en religion « opinion conforme au réel », veritet, veriteit, vertet et verté subsistent par voie orale jusqu’au 12siècle. Sa forme actuelle est attestée depuis la Renaissance (1553).

Le mot, d’un point de vue abstrait, désigne, en philosophie, la connaissance reconnue comme juste, conforme à son objet et possédant à ce titre une valeur absolue : détenir la vérité. Ou, au contraire, intériorisée par la personne : à chacun sa vérité. Le principe de rectitude, de sagesse considérée comme un idéal dans l’ordre de la pensée ou de l’action : triomphe de la vérité. Dans la religion chrétienne, la certitude inaltérable, fiable parce que donnée par Dieu : vérité éternelle; révélée dans les paroles du Christ : « Je suis la voie, la vérité, la vie. »

En logique, il traduit la conformité de la pensée avec son objet : valeur de la vérité. En langage courant, la connaissance conforme à ce qui existe : dire la vérité, regarder la vérité en face; par opposition à la dissimulation, au mensonge, à l’invention : cacher la vérité, maquiller la vérité, déformer la vérité. La conformité d’une affirmation à la réalité : attester la vérité; en particulier, pour exprimer qu’on accorde du crédit aux propos d’une personne, de la lucidité quant à une situation donnée : témoigner de la vérité (d’un récit, d’un soupçon). Dans le domaine de la création artistique, le caractère spontané, vivant, naturel d’une œuvre : « [Les impressionnistes] ont observé ces êtres [les paysans et les ouvriers] dans la vérité de leurs occupations au lieu de les ankyloser dans une pose factice, et de peindre des déguisés. »  (Camille Mauclair, Les maîtres de l’impressionnisme. Histoire, esthétique, œuvres, 1923).

Par opposition à « fiction, légende, rêve », le mot dépeint ce qui existe indépendamment de l’esprit : souci de la vérité, vérité vraie. Et la nature profonde d’une personne, en deçà des apparences : « Charlotte m’a aimé pour des raisons absolument différentes de celles qu’avait su aménager ma naïve psychologie. Elle est morte, désespérée, quand, à la lumière d’une explication tragique, elle m’a vu dans ma vérité. » (Paul Bourget, Le Disciple, 1889). Rare, la locution adverbiale en vérité signifie « tel qu’en lui-même ».

Les dérivés sont véritable « authentique », « réel », « exemplaire », véritablement, demi-vérité « déclaration qui ne reflète qu’incomplètement ce qui existe » et contrevérité « assertion qui s’oppose à la vérité ». Vérisme, pris à l’italien verismo, traduit le mouvement artistique de la seconde moitié du 19siècle en Italie visant une représentation fidèle et sans embellissement de la réalité et, par analogie, une démarche cherchant à la reproduire avec précision au quotidien. Au 20siècle, vérité forme l’élément de noms composés désignant des œuvres, des arts, visant à transcrire de façon réaliste la réalité : cinéma-vérité, télévérité, dossier-vérité.

 

Devoir

Au figuré, quelle locution nominale formée avec vérité signifie « moment décisif »?

L’h _ _ _ _ de vérité.

Réponse

L’heure de vérité. Le moment décisif où il faut affronter une réalité, prendre une décision et, en sports, le point crucial d’une épreuve. L’expression est un calque de l’espagnol la hora de verdad, soit le moment déterminant de la corrida où le matador doit prouver sa maîtrise en mettant à mort le taureau.