Signal d’alarme

« Tant de médisances et tant de faux rapports que cela mit toute la cour en combustion et en alarme. » (Blaise Pascal, 1623-1662).

Alarme vient de l’italien all’arma, « aux armes », d’un étymon latin arma « arme »; les formes françaises du 15e siècle étant aus armes et as armes, « crier à l’arme », c’est-à-dire au combat : « Courez-y tous à l’arme sonnez » (François Rabelais, Gargantua, 1534). Arma décrivait, à l’origine, ce qui garnit ou prolonge le bras dans la lutte, le bouclier et l’épée. Sens qui prévaut dans l’anglais arm pour nommer cette partie du corps.

Le mot désigne le signal pour appeler aux armes, pour annoncer l’approche de l’ennemi : canon d’alarme; et, par extension, pour signifier tout danger matériel ou moral, réel ou supposé : cri d’alarme, cloche d’alarme, dispositif d’alarme, généralement un avertisseur sonore ou lumineux. Spécialement, le mécanisme mis à la portée des voyageurs pour provoquer l’arrêt immédiat du train en cas de danger : sonnette d’alarme : « Les feux rouges des signaux du chemin de fer brillaient dans la vitre. La sonnerie d’alarme résonnait, grêle, soutenue, et Rose-Anna crut entendre un appel désespéré qui la tirait du sommeil. »(Gabrielle Roy, Bonheur d’occasion,1945). En médecine, le réflexe de défense de l’organisme contre une lésion en un point particulier : alarme musculaire. En psychologie, la protection contre des stimulations subites et anormales : réaction d’alarme.

Au figuré, il décrit un degré de trouble, d’agitation, suscité par la crainte d’un ennemi, d’un danger, d’une vive inquiétude : état d’alarme, en alarme.

Les dérivés sont alarmer « inquiéter en faisant pressentir un danger » : alarmer l’opinion; alarmé, ée, alarmant, alarmisme, « tendance à provoquer une inquiétude exagérée par des annonces ou des prédictions souvent sans fondement », alarmiste, « personne qui diffuse ces propos. »

 

Devoir

Du domaine de la métaphore guerrière, alarme finit par s’appliquer au discours amoureux : « Remettez-vous, monsieur, d’une alarme si chaude. » (Molière, Le Tartuffe ou l’Imposteur, 1664).

Complétez la locution formée avec ce sens dans le passage suivant : « Dans [La véritable histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, 1731], le libertinage est peint de ses couleurs; l’amour et la bonté du naturel l’excusent, mais ils ne le déguisent pas : dans [Julie ou la Nouvelle Héloïse, 1761] il a si bien le ton, le langage, la contenance de la vertu, qu’on le prendrait presque pour elle. Tout ce que la faiblesse peut avoir de grâce et de décence dans ses faux pas et dans ses chûtes, les premières alarmes de la p _ _ _ _ _ , ses timides délicatesses, ses imprudences, ses oublis, ses refus attrayants, ses résistances inutiles; tout cela, dis-je, est nuancé avec un artifice qui enchante au lieu d’épouvanter. » (Jean-François Marmontel, Essai sur les romans,1799).

Réponse

« Dans [La véritable histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, 1731], le libertinage est peint de ses couleurs; l’amour et la bonté du naturel l’excusent, mais ils ne le déguisent pas : dans [Julie ou la Nouvelle Héloïse, 1761] il a si bien le ton, le langage, la contenance de la vertu, qu’on le prendrait presque pour elle. Tout ce que la faiblesse peut avoir de grâce et de décence dans ses faux pas et dans ses chûtes, les premières alarmes de la pudeur, ses timides délicatesses, ses imprudences, ses oublis, ses refus attrayants, ses résistances inutiles; tout cela, dis-je, est nuancé avec un artifice qui enchante au lieu d’épouvanter. » (Jean-François Marmontel, Essai sur les romans,1799).

Chez les écrivains du siècle classique, le 17e, au siècle romantique, le 19e, la locution alarmes de la pudeur est sentie comme une inquiétude répandue dans le vocabulaire des sentiments et des relations érotiques. Moins de nos jours!