Soeur Lanoue et les signes religieux

Soeur Lanoue agissait comme responsable de la bibliothèque du Cégep de Saint-Jérôme lorsque j’y étais étudiant. Une religieuse et une femme remarquable. Qui m’a donné le goût de suivre ses traces. Pas de devenir nonne! Non, d’étudier pour devenir bibliothécaire. Deux années de collège et cinq années d’université plus tard, ça y était.

Bien avant elle, au primaire, d’autres religieuses m’ont appris à écrire.

Elles portaient alors une robe noire qui les recouvrait des pieds à la tête comme une soutane. Une guimpe blanche entourant la tête et descendant sur les épaules, couvrant le front, les oreilles, le cou et la poitrine. Leur visage encadré par une cornette et un voile. Le voile catholique. Sous leurs habits austères et visiblement religieux, elles enseignaient le français d’une manière rigoureuse.

Je leur dois beaucoup.

Soeur Lanoue avait renoncé à ces habits d’une autre époque. Après tout, en 1968, nous étions dans les années de la Révolution tranquille. Même pour l’Église. Elle portait un tailleur monochrome et une blouse blanche sur laquelle pendouillait une croix avec Jésus dessus. Rien pour écrire à sa Sainte-Mère. À visage découvert, cheveux au vent.

Ce signe religieux chez elle ne m’a jamais dérangé. Pas plus que ne me perturbent aujourd’hui la kippa des Juifs ou le turban des Sikhs, dont ceux, « en position d’autorité », qui font partie de la Gendarmerie royale du Canada.

Ni le foulard des femmes musulmanes. À condition que ce soit leur choix personnel, marquant leur adhésion à l’Islam. Pas celui, forcé, de leurs maris. Les mêmes qui leur imposent de marcher cinq pieds derrière eux lorsque le couple se déplace. Ou qui choisissent, à leur place dans les magasins, les autres vêtements qu’elles devront porter.

Au Québec, la femme est l’égale de l’homme. En droit et dans la vie de tous les jours. Résultat d’un long combat et d’une prise de conscience collective. D’aucune façon, le pouvoir religieux ne doit prévaloir sur la laïcité des institutions. Surtout pas celui qui prône l’assujettissement de la femme par l’homme. Et même si, comme disait Churchill : « La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes ».

Soeur Lanoue, Yvonne de son prénom, aurait été d’accord avec ça.

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