Un jour sans

La préposition sans, issue du latin sine, s’écrit d’abord sen, sens, senz, seinz et sainz, avant d’adopter sa forme définitive vers 1200.

Placée devant un nom ou un pronom, elle marque l’absence: être sans argent; l’exclusion: chambre d’hôtel sans petit-déjeuner; ou un tour à valeur hypothétique: sans cela, sans quoi.

Elle exprime l’idée de négation dans de nombreuses locutions adjectives ou adverbiales: sans égal, sans pareil, sans précédent, sans arrêt, sans conséquence, sans crainte. Suivie d’un infinitif, elle sert à éliminer une circonstance: sans compter, sans mentir, sans s’arrêter, sans se retourner, sans coup férir.

Dans l’usage familier, sa valeur adverbiale s’exprime aussi par une ellipse: les jours sans, « les jours où rien ne va », être sans un, « être sans le sou ». Sans peut être renforcé par un autre mot négatif tel que aucun, jamais, nul, ni, personne, rien: sans aucun effort, sans jamais craindre.

Les noms composés de la préposition sans s’écrivent habituellement avec un trait d’union et sont invariables: sans-abri, sans-emploi, sans-cœur, sans-gêne, sans-grade, sans-souci, pince-sans-rire.

 

Devoir

Au Québec, trois mots construits avec sans, généralement invariables, sont employés pour désigner quelqu’un qui manque de jugement ou de savoir-vivre, de débrouillardise ou qui fait preuve de manque d’intelligence. Quels sont-ils?

Sans a _ _ _ _ _
Sans d _ _ _ _ _ _
Sans-g_ _ _ _

Réponse

« Mais il n’y aurait plus de mère pour les fils sans allure… , tant que je ne lui aurais pas rendu le dernier sou de l’argent que je lui avais carotté pour m’équiper. »
Réjean Ducharme, Dévadé, Éditions Beaux Papiers, 1990.

« Il arrive que le plus sans dessein, le plus ignorant du village veut donner son coup d’épaule à la machine, veut porter au lieu de se laisser porter. »
Félix Leclerc, Le fou de l’île, Denoël, 1958.

« On ne savait rien de lui, sauf qu’il s’appelait Sprott, sans prénom, et qu’il parlait fort mal le français. Au reste, il ne tarda pas à se faire connaître comme un paresseux, un fainéant, et un esprit borné, un sans‑génie. »
Adjutor Rivard, Contes et propos divers, Librairie Garneau, 1944.

Répondre au devoir ou commenter