Joséphine la Poutine

Mardi, jour de la petite épicerie. Je prends la direction du Métro, rue Sherbrooke. Je passe devant le centre d’achat Place Versailles. Une envie soudaine de hot-dogs. Que je n’ai pas mangés depuis des lunes. Me stationne. Devant la porte, un mendiant me réclame de la monnaie. Désolé. Je n’en garde plus sur moi depuis deux ans. Depuis le début de la pandémie.

Je me rends au kiosque à hot-dogs. Première fois que je le remarque, il a un nom : Joséphine la Poutine. Je n’y suis pas allé depuis deux ans mais le patron me reconnaît tout de suite. Une vingtaine de menus. Tous à base de saucisses, de hamburgers, de frites, de fromage et de poutine. Je choisis le no 3 : deux hot-dogs, une frite et un petit cola. Je paie avec un 20 $ et mets la monnaie dans mon pantalon.

Je regarde les gens autour. Mon quêteux se présente. Il demande combien coûte un hot-dog all-dressed. Le patron lui dit : 2,70 $. Radieux, il sort l’argent de sa poche et retourne à son poste d’observation, en mangeant son hot-dog en chemin. Je souris. Il en faut peu pour rendre un homme heureux.

Un vieux couple arrive et jase gaiement avec le patron. Deux cafés, s’il-vous-plaît. Ils s’attablent comme deux habitués. Plus loin, une vieille dame marche d’un bon pas la tête penchée en avant. Le dos voûté. Aérodynamique, me dis-je. Comme en position de recherche de vitesse.

Je termine mon frugal repas et salue le patron du regard. M’en retourne par où je suis entré. Le quêteux est encore là. Je fouille dans ma poche. La monnaie de mon 20 $ s’y trouve : 2.70 $. Je donne les pièces au quêteux. J’imagine sa tête quand il se rendra compte qu’il en a assez pour s’acheter un autre hot-dog all-dressed.