Mine de rien

L’évolution du sens d’un mot peut aboutir à son contraire. Ainsi, école vient du grec scholè dont le sens primitif était « loisir ».

Rien est issu, par évolution orale, du latin rem qui signifiait « quelque chose ». Par affaiblissement, ce sens devient « peu de chose »: un rien l’habille, s’attacher à des riens, « à des choses insignifiances, futiles », pour rien, « sans aucun résultat », « pour une somme modique ».

Comme nominal indéfini, il décrit quelque chose dans un contexte qui n’est pas affirmatif: il demeura muet, incapable de rien dire. Son usage revêt une valeur négative bien établie par suite de son emploi fréquent avec l’adverbe ne dans la même proposition: je ne sais rien, cela n’engage à rien.

Il s’emploie comme sujet: plus rien ne bouge; en fonction d’attribut: n’être rien, « n’avoir aucune position sociale »; et dans une phrase elliptique: rien à faire,  « la chose est impossible ».

Dès le 16e siècle, il forme des locutions devenues usuelles: pour rien au monde, rien du tout, rien de rien, en un rien de temps. Au Québec, l’expression y a rien là!, un temps très populaire, signifie « c’est normal, rien de plus facile ».

 

Devoir

« On peut acheter quelque chose avec rien! En le multipliant! Une fois rien… c’est rien! Deux fois rien… ce n’est pas beaucoup! Mais trois fois rien!… Pour trois fois rien, on peut déjà acheter quelque chose … et pour pas cher! » Ce passage est extrait du spectacle de quel grand humoriste décédé en 2006?

Réponse

Raymond Devos, « Parler pour ne rien dire », dans son spectacle Sens dessus dessous.

« Mesdames et messieurs … Je vous signale tout de suite que je vais parler pour ne rien dire.
Oh! je sais! Vous pensez : S’il n’a rien à dire … il ferait mieux de se taire!
Évidemment! Mais c’est trop facile! … c’est trop facile!
Vous voudriez que je fasse comme tous ceux qui n’ont rien à dire et qui le gardent pour eux ?
Eh bien non! Mesdames et messieurs, moi, lorsque je n’ai rien à dire, je veux qu’on le sache!
Je veux en faire profiter les autres!
Et si, vous-mêmes, mesdames et messieurs, vous n’avez à rien dire, eh bien, on en parle, on en discute!
Je ne suis pas ennemi du colloque.
Mais, me direz-vous, si on en parle pour ne rien dire, de quoi allons-nous parler?
Eh bien, de rien! De rien!
Car rien … ce n’est pas rien.
La preuve c’est qu’on peut le soustraire.
Exemple : Rien moins rien = moins que rien!
Si l’on peut trouver moins que rien c’est que rien vaut déjà quelque chose!
On peut acheter quelque chose avec rien!
En le multipliant. Une fois rien … c’est rien
Deux fois rien … c’est pas beaucoup!
Mais trois fois rien! … Pour trois fois rien on peut déjà acheter quelque chose! … Et pour pas cher!
Maintenant si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien :
Rien multiplié par rien = rien.
Trois multiplié par trois = neuf.
Cela fait rien de neuf! »

 

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