Peur d’échouer

L’origine du verbe échouer est incertaine. Au 16e siècle, on a proposé de le rattacher à échoir mais il pourrait aussi être issu du latin populaire excautare, de cautes, « rocher ».

En emploi intransitif, le plus usuel, le sujet désignant un navire, une embarcation ainsi que leur équipage, il signifie « heurter, par accident ou volontairement, le rivage ou le fond marin et s’y immobiliser, ne plus pouvoir flotter »: échouer sur un écueil. Par analogie, il s’applique aux mammifères marins qui en sont victimes.

Par extension, il décrit une personne amenée dans un lieu inattendu : échouer dans un café; ou dans un état qu’elle n’a pas choisi : s’échouer dans l’ivrognerie. Et, au figuré, une personne qui se heurte à un obstacle social, moral ou intellectuel qu’elle ne réussit pas à surmonter, qui subit un échec : échouer à un examen, faire échouer un projet.

Le dérivé échouage désigne le contact avec le fond marin d’un navire en stationnement par suite d’un abaissement du niveau de l’eau : bassin d’échouage. « À gauche, il y avait un petit port d’échouage, une bande de sable, où des hommes hissaient à cris réguliers une dizaine de barques » (Émile Zola, La joie de vivre, 1884). 

L’échouement est l’arrêt brutal et fortuit d’un navire en marche qui heurte le fond marin : « (…) tous se dirigèrent rapidement vers le lieu d’échouage (de la baleine). Cet échouement s’était produit sur la grève de la pointe de l’Épave » (Jules Verne, L’Île mystérieuse, 1874). Par métaphore, il désigne l’insuccès, l’échec d’une entreprise.

 

Devoir

Quel joli canadianisme évoque un lieu propre à l’échouement des navires mais aussi l’endroit de la côte où se reposent les troupeaux de mammifères marins?

Éch _ _ _ _ _ _

Réponse

Échouerie. Le mot, en usage depuis 1764, est d’origine acadienne. Il décrit l’aire de rassemblement où les colonies de morses, otaries, phoques, s’échouent pour se reposer, muer, se reproduire. On y retrouve des herbes marines et du bois d’épave, appelé aussi bois de marée ou bois d’échouerie.