Mourir vendredi

Marie-Claude, une ancienne collègue de travail au ministère de l’Immigration, figure parmi mes 59 amis Facebook. Elle souffre d’un cancer. Un cancer fulgurant; en juin, elle était en pleine forme. Les traitements de chimio n’ont eu aucun effet sur elle. Elle a décidé de les arrêter. Et d’avoir recours à l’aide médicale à mourir. Elle mourra vendredi.

Elle ne respire plus qu’avec un appareil mais elle est consciente. Mon amie Danielle, qui était à son chevet aujourd’hui, m’a écrit qu’elle était contente quand elle l’avait embrassée trois fois : un bec de sa part, un bec de la part de son chum Martin, un bec de ma part.

C’était sa dernière visite. Désormais, Vanessa, la fille de Marie-Claude, veillera seule sur sa mère jusqu’à la fin. Elle lui reliera peut-être tous les mots d’adieu gentils confondus aux vœux de « bonne fête » que lui ont écrits sur sa page Facebook ses proches et ses amis à l’occasion de son dernier anniversaire. C’était le 7 août.

Marie-Claude est sereine car elle croit à la vie après la mort. Moi, non. Après la mort, je crois que l’on reste vivant aussi longtemps que quelqu’un pense à nous. Puis c’est tout. Mais j’admets que la conception plus incorporelle de la mort de Marie-Claude dépasse de loin ma vision qui manque d’élévation de la pensée. Alors je souhaite qu’elle ait raison. C’est pourquoi je la garderai sur ma liste d’amis Facebook. Des fois que l’envie de m’envoyer un petit mot, comme avant, lui reprendrait.

Longue vie, Marie-Claude.